Prévenir la maladie d’Alzheimer : une réalité à portée de main

Hélène Jacquemont, présidente de la Fondation, aborde le rôle clé que doit occuper la prévention dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Une tribune publiée dans l’édition du 21 septembre du quotidien régional Ouest France.

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Publié le 21 septembre 2021

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97 % des Français déclarent connaître la maladie d’Alzheimer, mais ils sont encore 41 % aujourd’hui à considérer qu’il n’existe aucun moyen de la prévenir.

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Hélène Jacquemont Présidente de la Fondation Médéric Alzheimer

En l’absence de solution thérapeutique médicamenteuse, et au regard des prévisions épidémiologiques, la prévention est une des clés de la prise en charge des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer. La science nous démontre qu’elle constitue une approche efficace et réaliste en termes de ressources et de financement. Prévenir enfin la maladie d’Alzheimer doit faire l’objet d’une mobilisation collective : c’est un rêve à portée de main.

La maladie d’Alzheimer est l’une des pathologies les plus étudiées dans le monde, mais en dépit d’efforts conséquents en termes de recherche, il n’existe à ce jour aucun médicament capable de guérir la maladie. L’impasse thérapeutique actuelle finit par instiller une forme de fatalisme de la peur1, d’autant plus important qu’en tant que maladie chronique du vieillissement, la maladie d’Alzheimer peut être considérée comme s’inscrivant d’une façon ou d’une autre, dans l’ordre des choses​.

Notre société pourrait donc être tentée de baisser les bras et de se contenter d’accompagner dans les meilleures conditions une fin de vie inévitable, perspective inhumaine et alarmante au regard du quasi-doublement du nombre de personnes malades en une génération (2,2 millions de personnes vivraient avec une maladie d’Alzheimer en 2050) qui fait d’ores et déjà peser de lourdes menaces sur le financement du modèle de prise en charge. Ce choix ne sera donc jamais le nôtre, d’autant que ce que l’économie semble interdire, la science nous l’autorise : les progrès scientifiques de ces dernières décennies démontrent en effet qu’à défaut de guérir, il est tout à fait possible de réduire le taux d’incidence de la maladie dans une proportion considérable de plus d’un tiers des cas2.

Une partie loin d’être gagnée

Cet espoir qui nous pousse à sortir de l’immobilisme pessimiste repose sur une approche à laquelle notre système de santé est relativement peu habitué puisque n’y consacrant pour l’heure que 2 % de l’ensemble des dépenses. Cet espoir que nous appelons de nos vœux, c’est celui de la prévention, car c’est seulement en agissant précocement que nous parviendrons à rester plus longtemps en bonne santé cognitive et à faire reculer l’apparition des troubles cognitifs et ses complications.

La partie est pourtant loin d’être gagnée à l’heure où 97 % des Français déclarent connaître la maladie d’Alzheimer, mais ils sont encore 41 % aujourd’hui à considérer qu’il n’existe aucun moyen de la prévenir.

Le travail à mener est donc considérable si l’on veut répondre à un enjeu majeur de santé publique et améliorer la qualité de vie de nos aînés et de leur famille. Il est collectif et s’inscrit dans une dynamique partagée.

Pour y parvenir, il faut poursuivre les efforts de la recherche afin de mieux connaître les facteurs protecteurs et d’agir sur le terrain auprès des populations à risque. La France se doit d’expérimenter à grande échelle des programmes d’intervention dans le domaine de la prévention, qui ont fait leur preuve comme FINGER (mené en Finlande). C’est un programme de recherche multidomaines (combinant une alimentation saine, une activité physique régulière et adaptée, un entraînement cognitif régulier, la prévention du risque vasculaire), conçu pour des personnes à haut risque de développer la maladie d’Alzheimer. Après deux ans d’interventions et de suivi, leurs fonctions cognitives (fonction exécutive et vitesse de traitement de l’information) ont été significativement améliorées.

… à portée de main

Il faut aussi faire porter l’effort sur l’information et la promotion des comportements protecteurs. Des actions de prévention efficaces existent pour réduire les facteurs de risque : dès le plus jeune âge, notamment par l’éducation ; entre 45 et 65 ans, en réduisant l’hypertension artérielle, l’obésité et la perte auditive ; et après 65 ans, en réduisant le tabagisme et l’inactivité3 par exemple. L’un des enjeux est d’agir auprès des personnes âgées de 40 à 60 ans car c’est au milieu de la vie ​qu’apparaissent les premières lésions cérébrales et qu’il est peut-être plus facile d’adopter des modes de vie plus salutaires.

Hélène Jacquemont,
présidente de la Fondation Médéric Alzheimer

75 % des Français ont peur d’être un jour atteint de la maladie d’Alzheimer (42 % en 2011) – Sondage IFOP/FMA 2021
(2) Dementia prevention, intervention, and care: 2020 report of the Lancet Commission

Retrouvez sur le site de Ouest France la tribune d’Hélène Jacquemont
« Prévenir la maladie d’Alzheimer : une réalité à portée de main »