Socialisation des personnes hébergées : une réflexion éthique

Le comité d’éthique du groupe associatif ADEF Résidences étudie dans son dernier rapport le statut social et la socialisation de 553 résidents d’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) et de personnes en situation de handicap vivant en établissement. Partant du principe que l’enfant se socialise en apprenant à parler, le comité d’éthique estime que la perte ou l’absence de langage verbal peuvent constituer de véritables freins non seulement à la socialisation mais plus particulièrement à l’émancipation des personnes concernées. « Ces institutions sont des lieux fermés où la communication orale est souvent limitée entre résidents ou restreinte à des échanges techniques entre professionnels », estime le comité. Que faire ? L’enfant fait l’apprentissage de sa socialisation par le jeu, ce qui lui permet de développer son esprit créatif. Appliquée aux adultes en institution, cette notion semble plus difficile à mettre en œuvre. Les auteurs notent que « reconnaître le potentiel créatif d’un résident et proposer un environnement propice à son expression suppose que les professionnels eux-mêmes puissent envisager leur travail de manière créative, faire des expériences nouvelles, communiquer une succession d’idées, de sensations. » Pour donner ou redonner le pouvoir de choisir aux personnes hébergées en établissements médico-sociaux, il faut aussi revoir la politique managériale.

« Le sentiment d’enfermement ressenti par les résidents est lié à l’impossibilité d’habiter (de disposer d’un chez soi), donc d’exister, en grande partie parce que le chez soi est investi comme territoire des professionnels, sur lequel il est impossible pour la personne accueillie d’être un individu. » Les auteurs appellent à développer des « lieux de vie où l’on soigne », avec de nouvelles modalités d’accompagnement ou encore l’intégration de nouvelles technologies, favorisant une socialisation dynamique et interactive.

Hospimédia, 26 avril 2019.