Le baluchonnage en France : quel modèle économique ?

Droit des personnes malades

Initiatives

Date de rédaction :
22 septembre 2020

Il y a 21 ans, au Québec, Marie Gendron, infirmière et chercheuse en gérontologie, avait pris la décision de se rendre au domicile de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leur aidant, 24 heures sur 24, plusieurs jours d’affilée. En assurant seule, pour toute la journée du répit l’ensemble des tâches liées à l’accompagnement de la personne dépendante et à la vie quotidienne à domicile, elle permettait à l’aidant de « prendre quelques jours de repos en tout tranquillité d’esprit. » Le baluchonnage est devenu une référence en matière de répit à domicile, reconnu et financé par le ministère de la Santé québécois. Le modèle est protégé : les noms de baluchon, baluchonnage et baluchonneur/se sont réservés aux structures qui respectent son dispositif et son éthique d’accompagnement. En France, jusqu’en 2019, il était impossible de « baluchonner », le temps de travail étant incompatible avec le droit du travail. L’article 53 de la loi pour un État au service d’une société de confiance (ESSOC) autorise cette solution de répit à titre temporaire et dans un cadre expérimental [« prestations de suppléance à domicile du proche aidant » (relayage)], rappelle Frédérique Lucet, psychologue clinicienne et formatrice, doctorante en sociologie du travail au laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique au Conservatoire national des Arts et métiers (UMR 3320) et secrétaire générale de Baluchon France. Le temps de travail est dérogatoire avec un plafond de 94 jours/an et 6 jours consécutifs maximum, ce qui permet de respecter en l’annualisant la durée maximale du travail et de sécuriser la récupération des temps de repos. Mais il reste à inventer un modèle économique, souligne Frédérique Lucet. En effet, la loi n’a pas prévu de financement de la suppléance, ni pour les services, ni pour les familles. « Le baluchonnage est nécessairement cher (environ 650 €/jour pour rémunérer le personnel, le former et le soutenir) et il doit être accessible en fonction des besoins des familles, non de leurs moyens », déclare-t-elle. Avec le soutien d’AG2R La Mondiale, Baluchon France accompagne 12 porteurs d’expérimentations dans le cadre d’une licence sous marque déposée. Les autres partenaires sont France Alzheimer, la FIAPA (Fédération internationale des associations de personnes âgées, l’EHPAD Trait d’Union du Cailly (Seine-Maritime) et le Collectif Je t’aide (à l’origine de l’organisation de la Journée nationale des aidants).

Doc’Domicile, août-octobre 2020. https://baluchonfrance.com/, 31 août 2020.