Représentations sociales, formation professionnelle et changement de pratique

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
16 avril 2012

« Les représentations sociales sont ce qui permet à tout être humain de qualifier le monde qui l’entoure, de s’y adapter, de l’expliquer, d’avoir la sensation de le maîtriser. Le changement de pratiques est un élément majeur dans l’évolution des représentations sociales et l’évolution des représentations sociales est un indicateur de pérennité du changement des pratiques », écrivent Géraldine Viatour et ses collègues du pôle Interventions psychosociales de la Fondation Médéric Alzheimer. La Fondation a développé un programme d’intervention psychosociale, Eval’zheimer, destiné à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer vivant en établissement. Ce programme a pour but la prise de conscience de la part des professionnels que l’environnement, aussi bien physique que social, a un impact sur la qualité de vie des personnes, notamment pour celles atteintes de la maladie d’Alzheimer, qui ont particulièrement besoin de repères. Trente-trois soignants ayant participé au programme ont été interrogés sur leurs représentations sociales de la maladie d’Alzheimer. Après le programme, « les professionnels ré-humanisent les personnes dont ils s’occupent, et parlent de l’accompagnement dont les résidents ont besoin. Les symptômes de la maladie sont beaucoup moins utilisés pour parler des personnes. En contrepartie, les soignants ont besoin de mettre leur propre souffrance en mots » : « Les soignants acceptent de se mettre en danger psychique pour porter un regard différent sur les personnes qu’ils accompagnent », expliquent les auteurs. Un regard « moins empreint de fantasmes et de problématiques propres à chacun. Evoquer l’inéluctabilité de la maladie, la fatigue, le repli sur soi, l’exclusion de la société et la mort des résidents, c’est les reconnaître, les nommer et les penser ». Les professionnels, après le programme, évoquent davantage les aspects positifs de la maladie, comme la capacité à passer de bons moments ou l’aspect relationnel, qui peut être encore très satisfaisant. « Une fois qu’ils ont effectué ce changement de regard, ils ne peuvent plus nier la réalité de cette maladie et de ce que vivent les résidents dont ils s’occupent » : ils sont donc plus enclins à proposer un accompagnement adapté et prenant en compte les capacités restantes des résidents.

Viatour G, Charras K, Demory M, Frémontier M. Etude de l’aspect dynamique des représentations sociales pour l’évaluation de l’efficacité de la formation professionnelle sur le changement des pratiques d’accompagnement en gérontologie : exemple du programme Eval’zheimer. Rev Francoph Gériatr Gérontol 2012 ; 19(184). Avril 2012.