Vulnérabilité financière : la tribu protectrice

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
18 avril 2015

Dans la rubrique Finances personnelles du New York Times, Tara Siegel Bernard évoque la capacité des personnes atteintes de troubles cognitifs à gérer leur argent (capacité financière). « Si on peut détecter suffisamment tôt le déficit émergent de la capacité financière, on peut rentrer dans le processus de façon précoce pour protéger la personne » d’une décision inappropriée ou d’une escroquerie, explique Daniel Marson, neuropsychologue et directeur du centre Alzheimer de l’Université de l’Alabama à Birmingham, et spécialiste des tests de capacité financière. Prévenir ces situations est souvent difficile, pour les enfants ou les conseillers financiers. Les signes sont subtils : les personnes malades peuvent avoir des difficultés à identifier les risques dans une décision d’investissement, en s’intéressant surtout aux bénéfices ; réaliser une série de tâches financières, telles que payer ses factures, prend davantage de temps. Les tâches de calcul dans la vie quotidienne, telles que calculer un pourboire ou faire un calcul en deux étapes, deviennent plus laborieuses et sujettes à erreurs. Les concepts financiers, tels que les frais médicaux fiscalement déductibles, ou le solde minimum requis sur un compte d’épargne, peuvent aussi devenir plus difficiles à appréhender. Naturellement, c’est une modification importante du comportement qui doit être repérée : ces indicateurs ne seront évidemment d’aucune utilité chez une personne n’ayant jamais géré ses finances personnelles. Selon Daniel Marson, la capacité financière évaluée par les tests décline lentement avec l’âge, à partir de la cinquantaine. Mais elle est compensée en partie par l’expérience et la sagesse (« l’intelligence cristallisée »), qui permettent de résoudre de nouveaux problèmes (« l’intelligence fluide »). Pour David Laibson, professeur d’économie à l’Université Harvard (Boston, Etats-Unis), l’intelligence cristallisée atteint un plateau après l’âge de soixante-dix ans, Ce plateau, accompagné d’un déclin de l’intelligence fluide, expliquerait pourquoi les consommateurs âgés font davantage d’erreurs financières que les plus jeunes. Jean-Luc Bourdon, expert-comptable spécialisé en planification financière à Santa Barbara (Californie), demande à ses clients de réunir ce qu’il appelle une « tribu protectrice » : une poignée de personnes désireuses d’entrer dans le processus de décision financière et de proposer leur soutien pour protéger la personne malade si le besoin s’en faisait sentir : « Les actes de maltraitance financière sont souvent commis par un proche ou un professionnel en qui la personne malade a confiance. Il faut une tribu pour faire contrepoids et garantir un contrôle. »  

www.nytimes.com/2015/04/25/your-money/as-cognitivity-slips-financial-skills-are-often-the-first-to-go.html, 24 avril 2015. Marson DC et al. Clinical interview assessment of financial capacity in older adults with mild cognitive impairment and Alzheimer’s disease. J Am Geriatr Soc 2009; 57(5): 806-814. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19453308.