Vulnérabilité

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
18 janvier 2012

Autonomie, dépendance ?  « Deux mots, à l’opposé l’un de l’autre, pour parler des enjeux autour de la vulnérabilité des personnes âgées », écrit Bertrand Cassaigne, jésuite à la communauté de Cergy et rédacteur en chef adjoint de la revue Projet. « Autonomie » parle de la dignité des personnes, « dépendance » de solidarité reconnue, acceptée. « Les deux mots ne sont pas sans ambiguïté : l’autonomie comme exigence, où la vulnérabilité et les frustrations sont vécues comme un échec : la dépendance comme passivité et infantilisation ». Pour Bertrand Cassaigne, « Une nouvelle complémentarité entre présence de proximité et solidarité publique se cherche. On les a trop considérées comme exclusives. Ce doit être aujourd’hui une des préoccupations des responsables politiques, nationaux, départementaux, municipaux : aider les personnes à garder une présence, leurs droits, leur capital social, donner un statut aux aidants, familiaux ou associatifs… Malgré tous les déficits qui peuvent l’affecter, la dimension transcendante de la personne n’a pas disparu. Son identité ne se résume pas à sa fonction, elle se décline au présent. Sa qualité de vie ne répond peut-être pas aux idées préétablies, elle peut cependant être la sienne avec ses propres attentes. Cette présence arrache notre société au modèle dominant de la concurrence, de la compétition. Elle donne un tout autre fondement à une véritable solidarité. Les personnes dépendantes participent à notre monde. Elles ne sont pas des fardeaux, que nous devons soutenir, elles ne sont pas de malheureux objets de compassion, mais objets de considération. Elles interrogent notre modèle du lien social, celui de l’avantage mutuel. Il ne s’agit plus là de solidarité mise en œuvre à travers des prestations impersonnelles mais de la reconnaissance, à partir de l’accompagnement de la dépendance, d’une nécessaire réflexion pour toute la société. Comment apprend-elle la fraternité dans la rencontre des faiblesses et des limites ? Même dépendante, la personne vulnérable appelle une relation au-delà d’une intervention sanitaire. Une relation, certes, asymétrique et cependant source de richesse pour tous. Cette relation n’est pas seulement d’empathie, de compassion ; elle est rencontre autour de l’acte même d’aider et de soigner, attentive aux besoins, à la recherche des leviers – techniques d’abord – pour y répondre. Elle n’oublie pas la réalité de la dépendance, au nom de l’autonomie. Elle est consciente aussi de ses propres limites, de ses incompréhensions : l’autre est autonome aussi en ce qu’il nous échappe ! »

Cassaigne B. Autonomie et solidarité. Ceras-Projet 2012 ; 326 : 71. Février 2012. www.ceras-projet.org/index.php?id=5676 (texte intégral).