Vouloir savoir ou ne pas savoir ? (3)

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Date de rédaction :
16 juin 2013

« Que se noue-t-il dans la salle d’attente lors de la consultation d’annonce ? Entre incertitude, espoir, colère, crainte, déni, impatience, déjà la petite musique de l’inquiétude se fait entendre », questionne la psychiatre et médecin expert Véronique Lefebvre des Noettes, du centre hospitalier Émile-Roux à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne). « Quels mots pour dire l’indicible, du côté du médecin qui attend de l’autre côté de la porte, et quelles questions poser et se poser pour le patient et l’aidant ? Comment trouver la juste distance entre toucher et tact, entre l’apparente douceur de l’implicite et le cruel de l’explicite ? Acceptons de danser ce pas de deux où celui qui sait n’est pas celui qui est supposé savoir ». Encore faut-il comprendre la personne dans ce qui l’éprouve, explique Mireille Trouilloud, psychologue clinicienne, docteur en psychopathologie clinique au centre de prévention des Alpes à Grenoble : « la personne en demande ou en attente de vérité, souhaite savoir ce que pourtant elle redoute. Angoisse, tristesse, doute sur la condition humaine, crainte de l’après, ne font pas relâche au côté de cette ambivalence… Entendre mouvements psychiques et affects, penser les possibles et les renoncements, partager les impasses, c’est proposer à cette personne une relation au sein de laquelle s’éprouver comme un alter ego, à partir de laquelle s’approprier ses troubles, en appui sur laquelle poursuivre l’investissement de la vie faite d’oublis. » Florence Lebert, psychiatre au centre mémoire de ressources et de recherches de Lille/Bailleul (CMRR), reçoit des personnes malades ayant eu un parcours médical marqué par la multiplicité des avis et des examens sans malgré tout accéder au diagnostic. « Leur présence dans un CMRR malgré ce parcours compliqué renforce notre devoir légal de tout mettre en place pour répondre enfin à leur demande, « savoir », marque du respect de leur autonomie, cet avis étant parfois vécu comme le dernier espoir. Si l’attente du diagnostic peut être pesante, elle doit permettre au malade et à ses proches d’être accompagnés sur le chemin de la découverte d’une nouvelle page de leur vie ».