Vivre vieux : un impact économique positif ?
Droit des personnes malades
La santé et le vieillissement sont-ils des fardeaux économiques ? Non, au contraire, répondent Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard et membre du Conseil d’analyse économique (CAE), et Fabrice Murin, de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique). Les deux économistes ont observé les séries statistiques des soixante dernières années concernant l’accroissement de l’espérance de vie et l’évolution des taux de mortalité par âge dans différents pays, ainsi que l’évolution du produit intérieur brut par tête (expression de la richesse par habitant). Ils observent que l’allongement de la durée de vie est associé à la croissance du PIB par tête, tant pour les pays de l’OCDE que pour les pays en voie de développement. Selon Yves Mamou, du Monde, ces analyses nouvelles, qui tentent de cerner les facteurs constitutifs de la croissance, donnent un statut nouveau à la santé. Selon Philippe Aghion, la santé devient « au même titre que l’éducation, une forme de « capital humain », soit un facteur structurant de hausse de la productivité du travail. Un individu en bonne santé est plus productif car moins souvent absent, plus endurant, avec de meilleures capacités cognitives et donc d’absorption de savoirs nouveaux ». « Au-delà de soixante-cinq ans, les progrès de l’espérance de vie sont encore corrélés à la croissance. Après quatre-vingts ans, la preuve est plus difficile à apporter », précise l’économiste, qui estime qu’il est encore impossible de réaliser une analyse coûts-bénéfices précise des gains de croissance potentielle associés au traitement de la maladie d’Alzheimer.
Le Monde, 19 mai 2009.