Vivre après la démence (1)
Société inclusive
Michael Friedman est professeur associé aux écoles de travail social et de santé publique de l’Université Columbia de New York. Il écrit : « j’ai peur d’être atteint de démence. Les possibilités sont horrifiantes : la perte inéluctable de la mémoire et d’autres fonctions cognitives, la dépendance envers les autres pour m’habiller, me nourrir, changer mes couches, glisser dans un brouillard où je ne pourrai même pas reconnaître les personnes que j’aime. Mais la démence est-elle inévitablement une fin cruelle et déformée (distorted) de la fin d’une vie humaine ? Quand j’étais plus jeune, je le pensais. Je n’avais aucun doute que je préfèrerais mourir que vivre avec une démence, que je voudrais me suicider, et que s’il n’était plus temps de le faire, que quelqu’un le fasse à ma place. « Tu n’auras qu’à tirer », disais-je à ma femme, sachant évidemment qu’elle ne le voudrait pas et qu’elle ne le ferait pas, mais espérant qu’elle agirait rapidement à ma place pour que l’on m’enlève toute assistance à la survie, dont la nourriture et l’eau, dans le cas où je ne serais plus moi-même. En vieillissant (j’ai maintenant soixante-huit ans, ma façon de penser a changé. Quand le moment viendra (s’il arrive), je voudrai peut-être vivre, même si je ne peux plus participer à une conversation pleine d’esprit (witty) ; même si j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider à sautiller dans un déambulateur pour sortir respirer le grand air ; même avec l’indignité d’avoir quelqu’un pour me nettoyer lorsque j’aurai sali mes couches ».
www.huffingtonpost.com, 16 mars 2011.