« Villes amies de la démence » : Bruges

Société inclusive

Date de rédaction :
12 mai 2016

Dans la cité flamande de Bruges (Belgique), les commerçants du centre-ville, la police, les organisations culturelles sont formées pour mieux communiquer avec les personnes atteintes de troubles cognitifs et ainsi leur permettre de continuer à vivre aussi normalement que possible, en les considérant comme « des habitants comme les autres. » Nico a quatre-vingt-un ans. « Il a oublié beaucoup de choses, mais s’il y a bien un mot qu’il n’oublie pas, c’est “journal” », sourit Elena, sa femme. Alors, tous les jours, Nico continue à aller acheter son journal, seul. Il se trompe un peu dans les jours, a du mal à trouver les bonnes pièces de monnaie… mais la commerçante sait comment l’aider, comment communiquer avec lui pour que cet acte de la vie courante se déroule bien. À Bruges, deux mille des cent-seize mille habitants sont atteints de troubles cognitifs. Deux tiers d’entre eux vivent chez eux, une situation rendue possible grâce au programme initié en 2010 par l’association Foton, dont l’objectif est d’aider les personnes malades et leurs familles, mais aussi de changer la perception du grand public sur les troubles cognitifs. Mobiliser les commerçants, les organisations culturelles, les policiers… « Foton a ainsi ouvert un centre d’expertise sur le sujet, un centre de documentation, organise des rencontres entre malades, a monté une chorale… mais surtout, travaille à rendre toute la ville de Bruges inclusive et “amie de la démence” ». Bart Deltour, à l’origine du projet, explique : « nous nous sommes d’abord rapprochés des organisations médico-sociales, puis des services de santé, et dans un troisième temps des commerçants, des écoles, des organisations culturelles, de la police…  Nous essayons d’infiltrer toute la ville petit à petit ! » Concrètement, les structures qui le souhaitaient ont été formées par Foton pour apprendre comment aider une personne atteinte de troubles cognitifs. Sur leur vitrine, les commerçants participants (marchands de journaux, hôtels, restaurants, coiffeur, pharmacies…) ont apposé le logo du projet. Il représente un nœud à un mouchoir, celui que l’on fait pour se souvenir. Les gardiens de la paix sont capables de repérer et d’aider les personnes qui semblent désorientées. Sept mille brochures, donnant des pistes pour mieux communiquer avec les personnes malades, ont été distribuées. Aujourd’hui, une centaine de boutiques du centre arborent le mouchoir noué. L’initiative a été récompensée par un prix du collectif européen EFID (European Fondations’ Initiative for Dementia), auquel appartient la Fondation Médéric Alzheimer. « A quand un projet similaire en France ? », s’interroge Annie de Vivie, d’Agevillage.