Village Alzheimer : Suisse (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
17 décembre 2011

L’hospice de Haute-Argovie de Wiedlisbach (OPW), dans le canton de Berne, prévoit d’importer le concept en Suisse, d’ici cinq à sept ans : « l’OPW transformé en village sera ainsi composé de petites maisons abritant chacune une dizaine de résidents malades. Ceux-ci seront répartis en fonction de leur milieu, qu’ils soient issus de la ville ou d’une zone rurale. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pourront y vivre une vie relativement normale et exécuter toutes les tâches de la vie quotidienne. A l’extérieur, les rues du petit village auront chacune un nom, tandis que ses habitants pourront à loisir se rendre au cinéma, au théâtre ou chez l’épicier. L’ensemble de ces lieux sera pensé et décoré à l’ancienne : les patients régressent de trente ou quarante ans, voire plus », explique Markus Vögtlin, responsable de l’hospice bernois. « Un village qui leur est dédié, avec une organisation de vie telle qu’elle était à l’époque, leur permet ainsi d’être moins déboussolés et plus tranquilles ».
Birgitta Martensson, directrice de l’Association Alzheimer Suisse, est très favorable à ce projet : « tout ce qui peut permettre à ces personnes d’être le plus indépendantes et autonomes possible est positif. Pouvoir gérer elles-mêmes les activités de la vie courante les motive et maintient les capacités qui leur restent. Il en résulte moins de frustration, moins de contraintes et moins de travail pour les soignants », déclare-t-elle. Mais le sujet fait débat outre-Sarine (rivière-frontière linguistique séparant la Suisse romande francophone, à l’ouest, de la Suisse alémanique germanophone, à l’est) : « ne risque-t-on pas de ghettoïser les malades ? », s’interroge Lucie Monnat, de 24 heures, premier quotidien de Suisse romande. Pour Birgitta Martensson, « lorsque l’on amène son enfant à la crèche, il arrive dans un milieu sécurisé et équipé d’objets adaptés. Il est entouré d’un personnel spécialisé. Parle-t-on de ghetto pour autant » ? Tout dépend de la manière dont se sent la personne au sein de l’établissement, un bien-être influencé selon elle par la formation du personnel d’accompagnement. Un objectif à long terme est aussi de répondre à une demande qui augmente très rapidement : en Suisse, plus de cent mille personnes sont actuellement atteintes de démence, et cet effectif devrait tripler d’ici à 2050.

www.24heures.ch/, 3 janvier 2012.