Vieux et malade, la double peine (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 septembre 2010

Christophe Trivalle est gériatre et dirige les unités Alzheimer et soins de longue durée de l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif (Val-de-Marne). Dans son dernier ouvrage, Vieux et malade, la double peine, il dénonce un système qu’il juge maltraitant pour les personnes âgées dépendantes. Selon lui, la tarification des établissements à l’activité (T2A) a notamment pour conséquence « que les services qui veulent faire de l’activité (…) refusent, entre autres, les malades âgés ou souffrant de la maladie d’Alzheimer, parce qu’ils savent qu’ils auront du mal à les faire sortir, sauf à les mettre dehors au bout du délai imparti pour les faire revenir la semaine suivante. C’est ainsi que l’on multiplie les hospitalisations ». Christophe Trivalle considère l’hôpital comme un « milieu hostile » aux personnes âgées : « dans la majorité des cas, lorsqu’un malade âgé rencontre un problème, on l’envoie aux urgences. Là, il se retrouve avec tous les autres patients. Son cas sera souvent jugé peu urgent s’il s’agit d’une déshydratation ou d’une désorientation. Il va donc rester des heures à attendre. Si l’on décide de le garder à l’hôpital, les autres services étant pleins, il risque fort de se retrouver dans un service d’attente, le temps qu’on lui trouve une place. S’il n’y a pas de place en gériatrie, ce qui est fréquemment le cas, il va atterrir dans un service de spécialité, où les soignants n’auront pas forcément l’appétence pour s’en occuper. Il ne sera pas stimulé et ne bénéficiera pas d’une prise en charge globale. C’est ainsi que quelqu’un qui aurait pu rentrer chez lui risque de devenir très rapidement grabataire et dépendant, pour finalement devoir entrer en institution ».

Actualités sociales hebdomadaires, 17 septembre 2010. Trivalle T. Vieux et malade, la double peine. Editions L’Harmattan, avril 2010