Vieillissement et Alzheimer - Comprendre pour accompagner, de Roger Gil

Société inclusive

Date de rédaction :
23 novembre 2012

Roger Gil est neuropsychiatre, professeur émérite de neurologie à l’Université de Poitiers et responsable de l’Espace éthique du CHU de Poitiers. Il est membre du conseil scientifique de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA) et chargé d’enseignement d’humanités scientifiques (bioéthique et société) à l’Institut de sciences politiques de Paris. Il met en avant l’altération de l’ « identité-ipséité », qui renvoie au maintien de soi malgré le changement, en dépit du changement, en déni au changement, l’ipséité désignant, selon le philosophe Paul Ricœur, « l’ensemble des marques distinctives qui permettent de ré-identifier un individu humain comme étant le même », ou encore « l’ensemble des dispositions durables auxquelles on reconnaît une personne ».  Roger Gil écrit : « l’identité humaine se construit aussi à travers un savoir-dire et un savoir-faire ; les troubles du langage entraînent des difficultés qui s’ajoutent aux troubles mnésiques pour mettre en œuvre l’identité narrative. L’apraxie [incapacité à effectuer un mouvement ou une série de mouvements] empêche aussi le sujet de témoigner de lui-même à travers son activité gestuelle et des compétences dont elles portaient témoignage. L’identité se bâtit des interactions avec le monde. Le déficit de la connaissance de Soi interagit avec le déficit de la reconnaissance de l’Autre et du monde. Au fur et à mesure que la maladie progresse, le « maintien de Soi » est mis à rude épreuve, ce qui montre l’écart entre la perception du Qui suis-je ? et les réponses aux questions explorant sommairement quelques connaissances générales sur l’identité ». Pour Roger Gil, « la déstructuration de l’identité-ipséité est au cœur de la problématique du statut éthique de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer dans sa famille et dans la cité. Car le danger serait sans doute de ne voir du sujet que sa détérioration identitaire comptée en débit, en proclamant une éthique de l’autonomie qui risque de se limiter à une éthique palliative additionnant tuteur et personne de confiance. Mais y a-t-il une place pour une autre posture éthique ? Comment prolonger l’identité de l’Autre ? » s’interroge le neurologue.

Gil R. Vieillissement et Alzheimer – Comprendre pour accompagner. Novembre 2012. Paris : L’Harmattan. 136 p. ISBN 978-2-336-00294-1.

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