Vieillir individuellement, vieillir collectivement (1)

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
25 mars 2011

Marie-Christine Bernard-Hohm est ethnologue et urbaniste. Pour elle, l’axe individuel et l’axe collectif du vieillissement sont antinomiques. L’aspect social et collectif de la vieillesse est nié. Les personnes âgées « pleines de rêves de mobilité et nourries d’aspirations hédonistes, qui ont enfin la liberté de consommer, d’être libres voire encore de voyager, refusent totalement de se projeter dans un schéma où elles sont collectivement menacées d’inutilité, d’immobilité et d’isolement. Elles rejettent en bloc l’idée qu’elles vont rejoindre la cohorte des générations de leurs parents, qu’elles vont finir dans la nasse collective des « vieux ». D’où la propension au déni que l’on rencontre systématiquement lorsqu’on élargit l’horizon temporel de la prospective et qu’on se situe à l’échelle de la société dans son ensemble. Cela crée un vrai problème de communication, car les représentants politiques eux-mêmes rechignent à passer par cette nécessaire projection dans le temps. De toutes parts, nous sommes face à un refus d’anticiper, qui grève considérablement l’éventail de choix que la collectivité pourrait inventer, en amont, en matière de logements, d’aménagement et d’équipement, pour accueillir le vieillissement sur les territoires de vie ».

Bernard-Hohm MC. Prendre soin jusqu’au bout de ses administrés, un défi insoutenable pour les élus locaux ? Actes du colloque sur le care du 3 juin 2010. Documents CLEIRPPA, hors-série, avril 2011.