Une vie presque ordinaire

Société inclusive

Date de rédaction :
01 avril 2014

À Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), la maison de retraite Saint-Rémy, du groupe Orpéa, a été conçue sur le modèle des sun cities, ces villages américains pour seniors, écrit Elodie Lepage, du Nouvel Observateur. « Le hall d’entrée évoque un hôtel haut de gamme. Après la réception se succèdent trois restaurants, un salon avec feu de cheminée, une salle de spectacle, une épicerie. Des allées couvertes mènent de petite maison en petite maison. Aux beaux jours, les personnes malades et les autres prennent le soleil côte-à-côte à la terrasse du café central. L’hiver, ils se retrouvent à la bibliothèque, au salon de coiffure ou à la piscine couverte. Environ 60% des trois cent quarante-quatre résidents sont atteints de maladie d’Alzheimer ou d’une maladie neurodégénérative. « À l’exception des malades les plus grièvement atteints, qui pourraient se mettre nus ou fuguer, les résidents sont libres d’évoluer comme bon leur semble parmi les huit hectares du site », précise Liliane Carzon, la directrice. « Ici, on essaie de les apaiser en leur proposant un cadre de vie rassurant et des ateliers thérapeutiques à la fois relaxants et stimulants. » Une mélodie rétro s’élève d’un café situé près de l’entrée. La décoration est à l’avenant, tendance années 1950 : vieux poste de TSF (transmission sans fil), publicité d’époque…  « Le support visuel est le point de départ de conversations qui permettent aux malades d’évoquer leur passé, explique Florence Boulet, psychomotricienne, qui anime un atelier de réminiscence. « C’est très valorisant pour eux. On travaille aussi sur la mémoire des gestes en faisant la vaisselle tous ensemble, et le côté convivial du lieu permet de lutter contre l’isolement qu’entraîne souvent la maladie. » Dans un atelier d’art-thérapie, un participant a trouvé comment confectionner une silhouette de ballerine avec du fil de fer : il a scotché le fil le long du modèle dessiné dont il devait s’inspirer. « C’est très ingénieux », commente Martine Tulpain, la responsable de l’atelier, « et c’est fou comme ce monsieur a gagné en concentration en quelques séances. Les premières semaines, il était beaucoup plus agité. » Pour vivre à la résidence Saint-Rémy, il faut compter environ quatre mille euros par mois. « C’est cher »,reconnaît sa directrice. Le groupe Orpéa réfléchit à un concept moins coûteux.

Le Nouvel Observateur, 17 avril 2014.