Une séparation, d’Ashgar Farhadi (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
25 mars 2011

« Deux heures à couper le souffle. Du concentré de cinéma. Un film arborescent aux ramifications multiples », écrit Jérôme Garcin, du Nouvel Observateur. « On peut le voir, au choix, sous l’angle du drame social, de la comédie de mœurs, de la fable politique, du documentaire, du thriller ou de l’enquête policière ». La scène capitale du film se déroule sur le palier d’un appartement bourgeois, à Téhéran (Iran). Nader, que sa femme vient de quitter, vit avec sa fille de onze ans et son père grabataire, mutique, incontinent, atteint de la maladie d’Alzheimer. Nader doit engager une aide-soignante. Il embauche une mère de famille dans le besoin, Razieh, une femme très pieuse, enceinte, qui accepte ce travail sans l’accord de son mari, Hodjat, chômeur dépressif, violent, conservateur. Cette femme est d’abord confrontée à un dilemme : le vieillard se pisse dessus, elle doit le changer, le laver, lui ôter son pantalon, ce qui, en regard de ses convictions religieuses et des usages qu’elles impliquent, constitue un péché. Razieh commet une faute : elle laisse un moment le vieux monsieur sans surveillance. Licenciée, elle revient sonner chez son employeur pour être payée de ses heures de travail. Nader, prétextant qu’elle a manqué à ses devoirs, refuse de la dédommager, la repousse sur le palier. Elle tombe dans l’escalier. Elle dépose plainte. Nader, dit-elle, l’aurait violentée et aurait provoqué une fausse couche. Pour Jean-Luc Douin, du Monde, le spectateur est invité à occuper la place du juge et à prendre parti pour l’un puis pour l’autre. « La force du film est dans sa capacité à le faire douter, lui faire plusieurs fois changer de camp au fur et à mesure que se déroule l’intrigue ».

http://bibliobs.nouvelobs.com/, www.lejdd.fr, 7 juin 2011. Le Monde, Libération, Les Echos, 8 juin 2011.