Une prise en charge sans contention

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 janvier 2011

Isabelle Ménard, directrice de l’établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes Dolcéa Les Jardins de Médicis à Challans, et Jean-François Deniniolle, médecin coordonnateur, relatent leurs trois premières années sans utilisation de contention dans leur unité Alzheimer La Passerelle. Ils décrivent quatre types de contention : physique (empêcher ou limiter les capacités de mobilisation), pharmacologique (par des psychotropes, neuroleptiques…), psychologique (ordres et injonctions : « Restez assis ! Vous allez tomber ») et environnementale (l’architecture vise à restreindre ou à contrôler les déplacements). Pour éviter les chutes, les lits « Alzheimer » sont abaissés presque à même le sol, des matelas tout autour du lit amortissent les glissages hors du lit, et les barrières ont été supprimées. Résultat : moins de chutes brutales et de moins haut. Les résidents présentant des délires de vol ou d’intrusion se voient confier la clé de leur chambre quand ils peuvent encore la gérer, ou leur porte est fermée à clé quand ils sortent de leur chambre et ré-ouverte quand ils le demandent. Ceci ritualise le retour dans son chez soi et diminue le niveau d’angoisse, voire de permet de passer à autre chose. Le respect de l’opposition et la disparition des contentions psychologiques ont réduit les agressions envers le personnel. Il convient alors d’expliquer au résident qu’il n’a pas le droit d’agresser cette personne qui est là pour l’aider. Si cela ne suffit pas, le salarié visé doit se retirer temporairement de la prise en charge du résident pour ne pas entretenir cette agressivité…

L’absence de recours à toute contention ne peut être envisagée qu’à deux conditions : accepter une contention architecturale la plus légère possible et définir l’unité Alzheimer comme un lieu de vie et non de soin. Trois conditions sont cependant nécessaires : une forte adhésion du personnel au principe, la coopération des médecins traitants et l’adhésion des familles.

Le Mensuel des Maisons de Retraite. Décembre 2010.