Une lutte quotidienne épuisante (1)

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
01 juillet 2017

« Pour Kanemasa Ito, s’occuper de son épouse Kimiko, atteinte de démence comme des millions de Japonais âgés, est une lutte quotidienne contre “le démon”. Manger, se laver, aller aux toilettes, Kimiko, soixante-neuf ans, ne peut rien faire seule. “Il y a un démon dans sa tête”, déclare à l’Agence France Presse M. Ito, soixante-treize ans, dans leur maison de Kawasaki, près de Tokyo, tandis que sa femme marmonne des paroles dénuées de sens ou tente de s’éclipser. Ce combat, M. Ito le mène depuis quinze ans, car son épouse a été frappée particulièrement jeune par la maladie. La situation que vit M. Ito, contraint d’assister son épouse pour quasiment tout, n’a rien d’exceptionnel au Japon. Car dans ce pays où le vieillissement s’accélère et où l’espérance de vie est l’une des plus longues au monde, le manque de ressources financières et de soignants fait peser le fardeau sur les conjoints et enfants. » 4.6 millions de Japonais âgés de plus de soixante-cinq ans sont atteints de démence et, et, en 2025, ils devraient être 7 millions (une personne de cet âge sur cinq), selon le ministère japonais de la Santé. « Le Premier ministre japonais Shinzo Abe s’est engagé à augmenter le nombre de maisons de soins et à élever les salaires des soignants afin de s’attaquer au problème. L’objectif est de réduire à terme à zéro le nombre de personnes qui quittent leur travail, comme l’a fait M. Ito, pour s’occuper d’un membre de leur famille atteint de démence, contre cent mille par an actuellement. » « Le Japon a géré son système d’assistance sociale sur l’hypothèse que les membres de la famille prendraient les choses en main », estime Katsuhiko Fujimori, chercheur associé de l’Institut de recherche et d’information Mizuho. Mais le pays ne parviendra pas à ses objectifs sans plus de moyens financiers, dit-il. Cela semble pourtant irréaliste: la dette publique du Japon s’élève déjà à plus du double du PIB, le taux le plus élevé dans le monde industrialisé. La baisse de la population active vient ajouter au fardeau porté par les personnes âgées pour financer leurs soins. »