Une éthique pour les pratiques soignantes (1)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Prendre du recul, s’approprier la plus value du dialogue entre professionnels et usagers, savoir renoncer lorsque le risque est plus important que le bénéfice sont encore des notions à faire intégrer dans les pratiques individuelles et collectives. Si l’éthique tend à se vulgariser, elle reste pour beaucoup réservée à une élite ou se réduit à une liste de principes dédouanant de tout débat. Un professionnel sur deux trouve une aide dans l’accompagnement des personnes âgées grâce au travail en équipe pluridisciplinaire. Si la personne malade n’est plus en mesure de communiquer ou de prendre des décisions, cette tâche revient au professionnel. La qualité du contact avec le patient, qui permet de déceler ce qui l’aide et lui procure le maximum de bien être, est primordiale.
Selon Emmanuel Hirsch, directeur de l’espace éthique de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, « les règles en vigueur sont devenues celles que légitiment des idéologies utilitaristes faites de décisions brutales, des mentalités de l’abdication, du renoncement aux valeurs essentielles. Emergent ainsi les logiques du mépris, l’indignité, la défiance, la dévalorisation, l’indifférence et l’abandon. C’est l’insécurité radicale dès lors que le lien de confiance ne peut plus être maintenu par l’expression tangible d’une solidarité qui protège les plus vulnérables parmi nous d’un pire auquel ils sont implacablement exposés ». Les principes éthiques qui éclairent les pratiques soignantes auprès de personnes parvenues au plus loin dans un parcours de vie sont « le devoir de résistance face aux tentations du renoncement et de la négligence, les principes de respect et d’attention, une position de vigilance et de bienfaisance, une attitude de rigueur, de retenue et de considération. Ces valeurs sont bien souvent celles qui permettent à ces soignants si exceptionnels, impliqués de manière discrète, pudique et souvent peu valorisée dans un soin bien particulier, de défendre dans l’anonymat de services hospitaliers ou d’institutions les valeurs les plus précieuses du vivre ensemble, notre bien commun ».
Soins Gérontologie, novembre/décembre 2009.