Une douleur dans le bas-ventre : ce n’est pas un cornflake

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
17 décembre 2016

Le site MyAlzheimer’s Story, animé par la formatrice Susan Macaulay, propose une série de vignettes [courtes présentations de cas] d’après l’échelle Nursing Home Behaviour Problem Scale (NHBPS), utilisée pour mesurer l’agitation des personnes vivant avec une démence en établissement. Les vignettes sont racontées par un personnage fictif, Annie, une femme de quatre-vingts ans vivant avec une maladie d’Alzheimer au stade modéré à sévère, dans une maison de retraite canadienne. Dans la dernière vignette, ce n’est plus Annie qui parle, mais Susan, qui évoque une étrange histoire arrivée à sa mère Patty et intitulée « ce n’est pas un cornflake ». Le jour de Noël 2013, en s’asseyant dans son fauteuil préféré, Patty grimace de douleur. « Ça fait mal », répète-t-elle pendant une semaine. « J’ai mal en dedans », « j’ai mal au ventre ». Susan lui demande de lui monter là où elle a mal. Patty met la main entre ses cuisses. « Maman a mal à l’entrejambe », relaie Susan à l’infirmière de garde. « Quand je rends visite à Maman deux ou trois heures par jour, je ne suis pas légalement responsable de ses soins, et on m’a fait écrire en termes non ambigus que je ne devais pas perturber le processus de soins. Mais Maman est dans une telle gêne que je suis incapable de rester silencieuse et la regarder souffrir. “Oh : dit inévitablement l’infirmière de garde. Je vais le noter.” Le soir de Noël, je trouve ma mère assise à table. Je lui demande : “Comment vas-tu ?” “Pas très bien”, répond-elle. » Une fois de plus, Susan lui demande où elle a mal. Une fois de plus, l’infirmière dit qu’elle va l’écrire dans le cahier de suivi. Susan invite sa mère à passer Noël chez elle. « Quelque chose ne tourne pas rond, ça fait mal », répète la vieille dame. « Maintenant, je suis chez moi. Il n’y a que Maman et moi, et je suis libre de faire ce que je veux », dit Susan. « Veux-tu que je regarde ? » Elle met une chanson de Céline Dion, These are the Special Times, pour détendre l’atmosphère, et se met à examiner sa mère. Elle découvre un corps étranger, avec une face ronde et lisse d’un côté, et une face rugueuse et des bords tranchants de l’autre côté, qui lacère le vagin de la vieille dame depuis des jours. Susan retire délicatement l’objet et le filme. « Ceci n’est pas un cornflake », précise-t-elle. Six mois après l’incident, le directeur des soins infirmiers a témoigné devant un tribunal que l’établissement n’avait pas examiné l’objet pour l’identifier.