Une analyse des déterminants socio-économiques de la fragilité des personnes âgées à partir des données de panel et rétrospectives de SHARE,...

Société inclusive

Date de rédaction :
23 novembre 2012

Nicolas Sirven, maître de recherches à l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé), étudie les déterminants socio-économiques de la fragilité en Europe à partir des données de panel et rétrospectives de l’enquête internationale SHARE entre 2004 et 2011.  « Les études récentes sur la demande de soins de long-terme ont mis en évidence le rôle de la fragilité en tant que précurseur de la perte d’autonomie, indépendamment des maladies chroniques. La fragilité est définie comme un état de santé vulnérable, résultant de la diminution de la réserve physiologique de la personne âgée », rappelle-t-il. Il utilise ce concept gériatrique en population générale et dans un cadre économique afin d’analyser le rôle des politiques publiques dans la prévention et l’accompagnement des personnes âgées dans un processus de perte d’autonomie. Dans un modèle mathématique dit « à effets fixes », il analyse les différences individuelles dans la dynamique de la fragilité au regard de « trois piliers de l’action sociale » : politique de soutien au revenu, lutte contre l’isolement social, promotion de l’aménagement du logement. Les différences persistantes dans les niveaux de fragilité sont explorées en utilisant les données rétrospectives sur l’histoire de vie (SHARELIFE) dans un modèle dit « à effets aléatoires ». Les modèles indiquent la présence d’inégalités sociales de santé sous différentes formes et à différentes époques de la vie. L’importance des systèmes de protection sociale en Europe, qui visent à « modérer l’impact de la santé et des chocs économiques sur la vie entière et maintenir la capacité de réserve individuelle dans la dernière partie de leur vie », est reconnue comme un moyen d’accompagner, voire de retarder l’évolution du processus de perte d’autonomie. L’étude met notamment en évidence qu’une part importante de la population âgée de cinquante ans et plus connaît une augmentation rapide de fragilité durant la dernière partie de la vie professionnelle. Cela plaide en faveur de politiques publiques mieux coordonnées pour faire participer les travailleurs les plus âgés à des stratégies de prévention des incapacités. Une prévention plus efficace pourrait cibler des sous-populations à risque de fragilité, particulièrement les femmes, les personnes en début de veuvage, les migrants et les personnes âgées les plus défavorisées au plan socio-économique. Les activités pourraient être mises en œuvre dès les premiers stades du processus de fragilité afin qu’ils puissent maintenir une activité physique et éviter l’isolement social.

Sirven N. IRDES. On the Socio-Economic Determinants of  Frailty: Findings from Panel and Retrospective Data from SHARE. Documents de travail 2012 ; 52. Décembre 2012. www.irdes.fr/EspaceAnglais/Publications/WorkingPapers/DT52SocioEconomicDeterminantsFrailty.pdf (texte intégral).