Un village Alzheimer en France ?
Droit des personnes malades
Dans les Landes, élus, architectes et acteurs de santé préparent un projet de bastide reconstituée, un « village Alzheimer » inspiré de celui de De Hogeweyk à Weesp (Pays-Bas), rappelle Henri Emmanuelli, récemment réélu président du département. Une délégation est allée observer le modèle néerlandais de “ville dans la ville”, avec son supermarché, son salon de coiffure, son cinéma et son théâtre. Pour Michel Laforcade, directeur de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Aquitaine, il n’y aura « pas de blouses blanches » dans ce futur îlot ultra-sécurisé où « l’impossibilité d’identifier le personnel contribue à inscrire les patients dans un paysage normalisé de vie sociale ». Il se dit convaincu que ce modèle permet aussi « d’améliorer la qualité de vie tout en réduisant la consommation de médicaments. » Le modèle De Hogeweyk « permet d’avoir une liberté totale tout en préservant la sécurité des résidents de façon discrète », note le directeur de l’ARS. Cette expérience pionnière s’appuierait aussi sur une « réelle collaboration avec les bénévoles », un mode d’organisation « qui n’est pas encore entré dans les habitudes en France ». La Bastide Alzheimer prévoit d’accueillir cent cinquante-deux personnes très âgées, « très dépendantes et très désorientées », encadrées par cent cinquante professionnels qualifiés et autant de bénévoles. Le financement, encore en discussion, prévoit un investissement de 23 millions d’euros et un budget de fonctionnement annuel de 10 millions”, financés par la sécurité sociale, le département et les résidents, avec un prix de journée d’environ 60 euros, selon l’ARS. Il faut aussi préserver le lien étroit entre l’architecture du lieu, la prise en charge des résidents et leur histoire personnelle et culturelle. Chaque « quartier » regrouperait trente résidents, avec des unités d’habitation gérées au quotidien par une assistante de soins en gérontologie (ASG) qualifiée, qui deviendrait, une fois la porte franchie, la « maîtresse de maison ». Le personnel comprendrait quatre-vingt personnes dédiées aux soins, cinq à la surveillance nocturne, assistées d’un système vidéo, trois psychologues, deux médecins, deux kinésithérapeutes, deux ergothérapeutes, deux infirmiers et seize animateurs à l’accompagnement des résidents. Henri Emmanuelli estime que « la place des bénévoles et des familles est essentielle, comme garantie de vie collective dynamique ». Il fait aussi valoir « les vertus thérapeutiques d’animations variées : musique, voyage, promenade, activité physique, théâtre, poterie ». Le lieu doit être bien ancré dans la culture locale: il y aura donc le « cercle des travailleurs »pour jouer au loto, l’auberge pour héberger la famille, l’épicerie où acheter les produits du cru, la ferme et son potager, le marché hebdomadaire, la salle des fêtes, le lieu de culte, le fronton pour les jeux de balle basques et le terrain de pétanque. Le projet attend encore l’aval de l’État début juin 2015 pour une ouverture espérée en 2017. Le choix du site reste à préciser.
www.lepoint.fr, http://france3-regions.francetvinfo.fr, http://immobilier.lefigaro.fr, www.ladepeche.fr, 30 avril 2015. AFP, www.20min.ch, 1er mai 2015. www.francesoir.fr, 3 mai 2015. TSA Quotidien, 6 mai 2015.