Un numéro d’urgence pour les familles qui n’en peuvent plus ?

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
08 juillet 2011

Dans les Yvelines, un homme de soixante-huit ans est soupçonné d’avoir tué sa mère âgée de quatre-vingt-onze ans, atteinte de la maladie d’Alzheimer, parce qu’il ne supportait plus ses cris. Le parquet de Versailles a ouvert une information judiciaire pour « meurtre par ascendant », et le fils a été mis en garde à vue prolongée. Pour Michèle Micas, présidente de l’association France Alzheimer, « ça n’arrive pas du jour au lendemain. Cet homme était arrivé à un état d’épuisement physique et moral pour arriver à un tel passage à l’acte. Ce qui est très difficile, ce sont les cris constants et l’agressivité ». Dans ce cas spécifique, France Alzheimer « regrette qu’il n’y ait pas eu de solution mise en place en amont, comme l’hospitalisation en urgence, ou des traitements sédatifs en urgence ». Michèle Micas, qui condamne le passage à l’acte, affirme que « les familles doivent être soutenues pour qu’elles puissent prendre du répit ».

Pour Judith Mollard, psychologue à France Alzheimer, « c’est un évènement dramatique qui illustre l’état d’épuisement dans lequel certaines personnes se trouvent lorsqu’elles s’occupent depuis de nombreuses années de leur parent atteint de la maladie d’Alzheimer. Mais il ne faut pas généraliser. La maladie ne s’exprime pas de la même façon chez tout le monde, et certains aidants familiaux l’appréhendent bien. Mais ce qui différencie le quotidien des aidants se joue aussi souvent dans l’aide qu’ils reçoivent ou non des professionnels » : « certaines familles s’isolent. Alzheimer est encore une maladie taboue, honteuse, que l’on veut cacher. En outre, accéder aux aides demande un effort financier que tout le monde ne peut pas fournir. D’autres familles ont des réticences à demander de l’aide extérieure car elles ont le sentiment de pouvoir se débrouiller », ajoute Judith Mollard, qui estime que l’entourage aussi doit être formé. « Ce n’est pas parce qu’on offre beaucoup d’amour et qu’on fait preuve de bonne volonté que l’on sait accompagner un malade atteint d’Alzheimer. Il faut que l’entourage développe des compétences concrètes », et la formation des aidants, mise en œuvre dans le plan Alzheimer, ne couvre pas l’ensemble du territoire. Pour la psychologue, il faudrait « mettre en place
un numéro d’urgence destiné aux aidants familiaux pour leur permettre d’avoir un interlocuteur quand elles n’en peuvent plus ».  

http://lci.tf1.fr, www.europe1.fr, 5 août 2011. Le Parisien, 3 août 2011.