Un lieu où le monde redevient perceptible

Société inclusive

Date de rédaction :
01 avril 2014

L’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) de la Vallée du Cher (Indre-et-Loire), géré par le centre communal d’action sociale (CCAS) de Tours, accueille cent trois résidents âgés en moyenne de quatre-vingt-huit ans, et dont 76% ont des troubles cognitifs. Si leurs troubles ne sont pas trop sévères, ces derniers peuvent être accueillis dans un lieu spécifique, le pôle d’activités et de soins adaptés (PASA). Dès que l’on passe la porte, décrit Pascaline Mesnage, de La Nouvelle République,« le contraste est saisissant. Dans cette grande salle lumineuse, située au rez-de-chaussée de la maison de retraite, on retrouve l’atmosphère d’une maison. Une grande cuisine équipée moderne recouvre un mur entier avec ses pots remplis de pâtes, farine, ses tasses accrochées aux étagères… Sur la grande table centrale, un aquarium héberge deux poissons rouges, Bubulle et Riquiqui. Assistante de soin en gérontologie, Carole est la « maîtresse de maison » du PASA. C’est elle qui accueille presque quotidiennement une dizaine de résidents, parfois avec un psychomotricien ou un autre agent. Avec elle, les résidents vont cuisiner, colorier, jouer aux cartes, se relaxer… « Ici, on ne fait pas à leur place », précise Carole. Une démarche qui n’est pas si facile pour ces personnes qui développent les premiers signes de la maladie d’Alzheimer. « Ces troubles perturbent tout leur quotidien :ils ne vont plus savoir à quoi sert un savon, utiliser leur dentifrice comme crème. Ce sont des personnes qui peuvent aussi être très agitées. » L’une des résidentes déambulait toute la journée dans les couloirs de la maison de retraite, en regardant ses pieds, sans sortir aucun mot. Depuis qu’elle fréquente le PASA, son comportement a changé, « elle s’est même remise à parler ! » Pour les professionnels, « la prise en charge spécifique du PASA donne de bons résultats. « Au cours de nos ateliers, on essaye de leur redonner confiance, l’estime de soi », assure Carole, qui met un point d’honneur à ne pas porter de blouse blanche. « Ces personnes ont des troubles de la mémoire, parfois tout leur devient étranger. Au PASA, on récrée une atmosphère conviviale, c’est un lieu où le monde redevient perceptible pour eux. » Le directeur du CCAS de Tours relativise : « on ne fait pas de miracle, mais on essaye de retarder les troubles de la maladie pour qu’ils vivent au mieux. »