Un état d’esprit « intense, réaliste, stoïque, pragmatique et vif »

Société inclusive

Date de rédaction :
15 octobre 2013

« Un écrivain de science-fiction se confronte à la réalité », titre Tom Chivers, du quotidien britannique The Telegraph. « Sir Terry Pratchett, écrivain de science-fiction, est atteint d’une forme rare de démence, une atrophie corticale postérieure, qui affecte la partie arrière du cerveau responsable notamment de la reconnaissance des symboles visuels. Parfois, il ne peut pas voir la tasse en face de lui. Il devient maladroit », écrivait Elisabeth Grice, du même journal, en septembre 2012. « Avec Pratchett, vous ne savez pas ce qui peut être attribué à la maladie et ce qui relève du vieillissement naturel. Il ne le sait pas non plus. Pour l’instant, la partie cognitive de son esprit ne semble pas atteinte. » Un an plus tard, l’écrivain assure la promotion de son dernier ouvrage. Il parle de sa maladie comme d’une intrusion (embuggering). « Ce qui est parti en premier, c’est de pouvoir écrire au clavier. Heureusement, la technologie m’a aidé » : il dicte maintenant ses livres à un ordinateur qui reconnaît ses paroles, ou à son assistant, qui lui relit ses paroles en fin de journée. Terry Pratchett adore cette nouvelle façon de créer, en parlant : « c’est mieux ! C’est plus facile ! Si tout revenait comme avant, je crois que je continuerais à parler. Parce que nous sommes des singes. Nous bavardons. C’est facile. Ça peut évoluer. » Il a « écrit » son nouveau roman, Dodger (celui qui esquive), en neuf mois. Il s’agit d’un conte virtuose, qui commence dans les bas-fonds du Londres de Dickens. Dodger, un jeune égoutier de dix-sept ans, est content de son sort. En sauvant une jeune fille battue, il entre dans un nouveau monde. La destinée de la jeune fille changera le cours de l’histoire. Terry Pratchett veut vivre une vie pleine, et s’il sent un jour que les mots ne viennent plus, il veut pouvoir décider de sa mort, s’il arrive à un état d’esprit « intense, réaliste, stoïque, pragmatique et vif ». Il veut mourir chez lui et être enterré dans son jardin.