Un diagnostic précoce, pourquoi faire ? (2)

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Date de rédaction :
11 septembre 2013

« Il n’existe pas aujourd’hui de traitement médical efficace pour lutter contre cette maladie. Dans ce contexte, cela a-t-il un sens de diagnostiquer les malades ? Est-ce une question qui se pose dans les équipes médicales ? » interroge Marie Piquemal, de Libération. Fabrice Gzil, responsable du pôle Études et recherche à la Fondation Médéric Alzheimer, répond : « c’est un débat classique d’éthique médicale, valable pour toutes les maladies graves. Il s’est longtemps posé pour la maladie d’Alzheimer, d’autant que c’est une maladie très stigmatisée et mal acceptée dans notre société. La question ressurgit encore dans certains cas, même si elle est un peu dépassée aujourd’hui. Pour l’équipe soignante, savoir la pathologie dont souffre un patient est toujours utile. Cela leur permet de réagir de manière éclairée et réfléchie et de mieux l’accompagner avec une prise en charge psychosociale notamment. » « Les médecins gardent toujours la possibilité de différer l’annonce s’ils jugent que leur patient n’est pas capable de le supporter. Tout dépend des circonstances » : un patient d’une soixantaine d’années, encore actif, doit savoir son diagnostic, estime Fabrice Gzil. « En revanche, a-t-on vraiment intérêt à coller une pancarte “Alzheimer” à une vieille dame de quatre-vingt-dix ans, en maison de retraite, qui approche du terme de sa vie et qui fait l’admiration de sa famille ? Le regard de ses proches changerait à coup sûr ».

Libération, 17 septembre 2013.