Un bon coup de pinceau

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Date de rédaction :
17 décembre 2016

Alex Forsythe, du département de psychologie de l’Université de Liverpool (Royaume-Uni), et ses collègues, ont utilisé une technique d’analyse mathématique des images (analyse fractale), pour tester l’authenticité de plus de deux mille œuvres tardives de sept peintres du vingtième siècle, atteints ou non de maladies neurodégénératives, et déterminer si des variations minimes des touches picturales pouvaient être associées à la simple avancée en âge ou à des déficits cognitifs précoces. L’analyse fractale permet d’identifier des séries géométriques complexes et imperceptibles à l’œil nu dans les coups de pinceau. On sait que Salvador Dali (1904-1989) et Norval Morisseau (1932-2007) étaient atteints de la maladie de Parkinson, et Willem de Kooning (1904-1997) et James Brooks (1906-1992) de la maladie d’Alzheimer. L’évolution de la touche picturale de ces artistes a été comparée à celles de Marc Chagall (1887-1967), Pablo Picasso (1881-1973) et Claude Monet (1840-1926), qui n’ont pas été atteints de maladies neurodégénératives. Une forte baisse de complexité des œuvres de Willem de Kooning et James Brooks est observée dès l’âge de quarante ans, bien avant le diagnostic : la maladie a été diagnostiquée chez Willem de Kooning à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, et chez James Brook à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Chez Dali et Morisseau, l’analyse fractale montre une complexité de la touche picturale accrue au milieu de leur vie, suivie d’un déclin à l’approche de la soixantaine. Salvador Dali a été diagnostiqué de la maladie de Parkinson à l’âge de soixante-seize ans, et Norval Morriseau à soixante-cinq ans. Dans les cas de Chagall, Picasso et Monet, l’étude montre une tendance inverse : une complexité accrue de leurs tableaux au fil des ans. « J’espère que cette étude va déclencher une réflexion sur ce qui se passe dans le cerveau bien en amont du diagnostic de la maladie », conclut la neuropsychologue.