Tuteur de résilience, forçat de solitude
Société inclusive
Vivre et revivre une forme d’absurdité pour la comprendre, résume Hubert Orione, du Télégramme : Animateur à l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Avel ar Mor, de l’hôpital de Concarneau, Xavier Fabre s’est lancé le défi de traverser l’Atlantique en ramant. Ce qu’il cherche, c’est « éprouver durant des jours et des jours, cette solitude que vivent les malades d’Alzheimer au quotidien ». En ramant, il avancera en tournant le dos à sa route sans savoir précisément où il va : « Comme ces malades parfois complètement désorientés ». Il souhaite rallier les Antilles depuis Tenerife (Canaries) selon une ligne zigzagante de 3 000 milles (5 500 km), selon les vents et les courants, en 90 jours, ce qui implique de ramer plus de dix heures par jour. Sur la coque de sa yole Carpe Diem, il a écrit une centaine de prénoms, ceux des personnes malades d’Alzheimer dont il s’occupe ou qu’il a connues : des prénoms évocateurs de visages pour le ramener à l’essence même de ce voyage. « Durant mon travail, je suis leur tuteur de résilience en les aidant à trouver la petite lumière qui les fait avancer. Là on inverse les rôles. Quand j’aurais un coup de mou, je penserai à eux. Et c’est eux qui m’aideront à avancer. Il faut vivre la solitude pour la comprendre et il y a de très fortes similitudes entre ma traversée en solitaire à la rame et la solitude des malades ». Il enchaînera mécaniquement des coups de rames ad nauseam, se fera ballotter d’un côté et de l’autre dans le vide constant d’un océan sans point d’horizon : « Je vais vivre cette expérience de rupture avec le monde, la perte des repères et sans doute des souffrances psychologiques et physiques ». Il sera suivi par les élèves des écoles et les résidents des maisons de retraite de Concarneau.