Tu te souviendras de moi, de François Archambault Mai 2017

Société inclusive

Date de rédaction :
28 mars 2017

Cette œuvre du Québécois Pierre Archambault, montée au théâtre Le Public de Bruxelles, conte la “fin de mémoire” d’un professeur d’université, atteint de la maladie d’Alzheimer, à qui il ne restera qu’un tragique souvenir…, écrit Bernard Roisin, du quotidien belge L’Echo. « “J’ai une excellente mémoire, j’ai une excellente mémoire!” répète Édouard comme pour se rassurer. Car en effet, la mémoire de ce brillant universitaire se défile, part en lambeaux à l’image de ses cheveux, devenue fragile comme les plumeaux de roseaux qui bordent la scène ou les autoroutes et se cassent au premier coup de vent. Et là, c’est Madeleine, sa femme, qui se défile, demande une pause, un week-end à sa fille fuyante, égoïste, toujours occupée par le moment présent de l’actualité, journaliste qui n’a pas le temps pour les souvenirs ou celui qui les perd. Son nouveau compagnon se propose donc pour garder le “lambeau-père”, renonçant soi-disant à sa partie de poker hebdomadaire pour passer deux jours avec lui. Le samedi soir, c’est pourtant sa fille Bérénice qui viendra baby-sitter cet homme pas encore en langes, mais qui s’oublie déjà, et croit voir en cette ado revêche son autre fille disparue à dix-neuf ans… dont cette fois il ne peut oublier le souvenir. Formidable pièce qui conte la lente perdition dans le brouillard de la mémoire des malades d’Alzheimer, “Tu te souviendras de moi” se révèle touchante, émouvante mais sans jamais tomber dans le larmoyant. Les répliques sont d’ailleurs souvent drôles, les situations involontairement cocasses, le propos s’intéressant bien plus qu’à la seule maladie et à celui qui en est victime. Il y est question de conflits de générations, de fuite et peur devant la maladie, de burn-out (épuisement), de vie moderne qui ne laisse pas le temps, de secrets de familles emmurés dans le silence, et bien sûr d’abandon dans une solitude intérieure, d’emprisonnement dans l’instant présent. »