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Date de rédaction :
23 novembre 2014

« Les premiers troubles du langage sont subtils et, au niveau individuel, insuffisants pour poser un diagnostic », explique le Pr Francis Eustache, neuropsychologue, directeur de l’unité INSERM de neuropsychologie cognitive et neuro-anatomie fonctionnelle de la mémoire humaine à l’Université de Caen-Basse-Normandie. « Ils ne deviennent plus démonstratifs qu’avec l’aggravation de la maladie, marquée par un manque du mot plus fréquent et par des troubles de la compréhension. Le malade n’accède alors plus qu’imparfaitement à certains concepts dont la signification devient moins précise. L’utilisation de mots pour d’autres, ou encore de mots déformés ou de néologismes devient plus importante. Les troubles du langage écrit ont également une relative spécificité et sont observés de façon précoce. Pour les explorer, on utilise différentes listes de mots en distinguant, notamment, l’écriture des lettres isolées et l’écriture des mots à orthographe régulière et irrégulière (par exemple femme ou album). Très souvent, les erreurs portent d’abord sur les mots à orthographe irrégulière et l’écriture donne lieu à des erreurs de régularisation (fame pour femme). Progressivement, apparaissent des paragraphies qui ne répondent plus aux règles de correspondance entre les graphèmes et les phonèmes (fane). Enfin, les lettres peuvent être déformées et même devenir méconnaissables. » Les troubles du langage semblent davantage concerner les malades les plus jeunes alors que les formes plus purement amnésiques affecteraient davantage les malades les plus âgés. « Ces troubles peuvent perdurer pendant plusieurs années avec des vitesses d’évolution variables. Certains mécanismes sont ainsi longtemps préservés, comme la lecture à haute voix ou la répétition, alors que la compréhension de ce qui est lu, ou répété, est altérée. La rapidité de l’évolution rend parfois difficile une analyse, fonction par fonction, tant les différents troubles ont tendance à s’intriquer », souligne le neuropsychologue.