Troubles du sommeil, troubles neurocognitifs : quel lien ?
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« Le manque de sommeil profond pourrait déclencher la maladie d’Alzheimer », titre John Hamilton, sur les ondes de National Public Radio aux Etats-Unis. Jeffrey Iliff et Bill Rooney, de la division des maladies gliales au centre de neurochirurgie de l’Université de Rochester (New York, Etats-Unis), ont observé chez l’animal que l’élimination des métabolites neurotoxiques accumulée par le cerveau (dont le peptide amyloïde) est augmentée durant le sommeil. La fonction restauratrice du sommeil pourrait donc être la conséquence de cette élimination de produits potentiellement neurotoxiques. Démontrer cet effet chez l’homme pourrait être possible grâce à l’imagerie magnétique à haut champ. Que sait-on plus généralement des relations entre les troubles du sommeil et les troubles cognitifs ? Le fonctionnement de l’organisme est soumis à un rythme biologique, calé sur un cycle d’une journée de vingt-quatre heures. Ce rythme circadien (du latin circa : « proche de » et diem : « le jour »), régule un grand nombre de nos fonctions biologiques et comportementales. Sa dérégulation entraîne des troubles du sommeil et d’importantes perturbations physiologiques, selon l’INSERM. Au Royaume-Uni, Michelle Miller, de l’École de médecine de Warwick à Coventry, rappelle que les cycles de sommeil et de veille, contrôlés par l’activité des neurones du noyau suprachiasmatique de l’hypothalamus [au-dessus de l’endroit où se croisent les deux nerfs optiques, qui indiquent au cerveau le niveau d’intensité lumineuse ambiante], peuvent être perturbés par des maladies du système nerveux. Inversement, des troubles du sommeil peuvent perturber des circuits neuronaux et avoir un effet sur les maladies neurologiques. Chez des personnes normales, la privation de sommeil peut être à l’origine de troubles de l’attention et d’un déficit de mémoire de travail. Des troubles du sommeil non traités, tels que l’apnée obstructive du sommeil, sont associés à la survenue de troubles cognitifs. Michelle Miller propose une revue de synthèse sur le rôle du sommeil et de ses troubles dans la survenue, le diagnostic et la prise en charge des troubles cognitifs. En Italie, le groupe de recherche sur la démence SINDem confirme la prévalence élevée de troubles du sommeil chez les personnes atteintes de déclin cognitif et propose des recommandations pour le diagnostic et le traitement de ces troubles du sommeil (Guarnieri B et al.).
www.npr.org, 4 janvier 2016. Miller MA. The role of sleep and sleep disorders in the development, diagnosis and management of neurocognitive disorders. Front Neurol 2015 ; 6 : 224. 23 octobre 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4615953/pdf/fneur-06-00224.pdf (texte intégral). Guarnieri B et al. Sleep disturbances and cognitive decline: recommendations on clinical assessment and the management. Arch Ital Biol 2015; 153 (2-3): 237-242. 1er septembre 2015. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26742676. www.researchgate.net/profile/Ildebrando_Appollonio/publication/264053539_Recommendations_of_the_Sleep_Study_Group_of_the_Italian_Dementia_Research_Association_%28SINDem%29_on_clinical_assessment_and_management_of_sleep_disorders_in_individuals_with_mild_cognitive_impairment_and_dementia_A_clinical_review/links/53d33c0d0cf2a7fbb2e9d012.pdf (texte intégral). Gronfier C. Chronobiologie, les 24 heures chrono de l’organisme. www.inserm.fr/index.php/layout/set/print/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/chronobiologie-les-24-heures-chrono-de-l-organisme. Décembre 2013.