Trompe-l’œil : l’illusion comme thérapie

Innovation

Date de rédaction :
15 juin 2016

« “Gare” », lit-on sur une porte discrète. L’envie de partir se fait pressante, il est temps de réserver ses billets. On entre dans une petite pièce. Un écran annonce deux quais. Plusieurs trains au départ : Nice, Paris, Marseille… Si l’on veut voyager jusqu’à Amiens, Maubeuge ou La Briquette, il suffit de demander au guichet, à peine plus loin. On patiente jusqu’au départ, un regard sur l’horloge, assis sur le banc en bois face au wagon. C’est l’heure. Dans la voiture, quatre fauteuils en cuir, des gravures, des range-bagages et appuie-tête. On veille à respecter la consigne déclinée en plusieurs langues : “Ne jeter aucun objet par la fenêtre”. La locomotive se met en marche : quinze à vingt minutes de trajet, peu importe la destination. Ça y est, le paysage défile. » Une télévision où l’extérieur file, une pièce pour quai d’embarquement et une autre pour le wagon, des trompe-l’œil collés aux murs pour les décors et indications… « Nous n’avons pas quitté le pôle d’activités et de soins adaptés (PASA) de la nouvelle résidence de La Treille. Ici, on crée l’illusion. En tout cas suffisamment pour que ceux visés, des malades d’Alzheimer, y croient », écrit Pierre Rouanet, de la Voix du Nord. « Pour calmer le besoin de partir, on ne donne pas de médicament, on organise la fugue », explique la directrice de l’établissement. Accompagnés d’un thérapeute ou d’un parent, les malades font plus qu’entrer dans une pièce de la maison de retraite. « Ils quittent l’établissement. Cela ouvre des perspectives : un dialogue détendu, des souvenirs qui remontent… On est dans l’illusion, la sensation. Pour eux, c’est vrai. On ne force personne, on suit leur volonté. Certains n’y adhéreront pas mais cela pourra rassurer : désormais, ils savent qu’ils peuvent partir. »