Travail de nuit (2)
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Certains préjugés sur les soignants travaillant de nuit en gérontologie sont tenaces, écrit Elisabeth Rogez, cadre infirmier au réseau Agekanonix de Villeneuve La Garenne (Hauts-de Seine), qui coordonne un dossier de Soins Gérontologie consacré à la spécificité du travail de nuit en gériatrie. Ces professionnels sont parfois très isolés et peu reconnus. Pour autant, la grande majorité n’échangeraient pas leur service contre celui de jour. S’ils se plaignent d’une constante dette de sommeil, de rythmes décalés ou d’un surpoids proportionnel au grignotage, les soignants se reconnaissent un espace d’autonomie, un savoir-être et un pragmatisme collégial qu’il considèrent être leur domaine privilégié de compétences. Pour Jean-Noël Berguit, cadre de santé et président de Noctiurges, association pour la promotion des soins nocturnes, les organisations de travail imposées aux soignants de nuit ne tiennent souvent pas compte de la spécificité de cet espace-temps particulier. A la maltraitance des personnes âgées s’associe le malaise des soignants qui ne peuvent pas changer cette situation et qui subissent eux-mêmes contraintes et suspicions. Sur le long terme, le travail de nuit peut présenter des risques pour la santé des aidants et entraîner une érosion de leurs compétences. Le management de ces équipes nécessite une attention particulière, bien au-delà de la gestion du quotidien, estime Brigitte Agostini, cadre supérieure de santé au centre hospitalier du Vinatier à Bron (Rhône). La prise en charge des patients âgés souffrant de polypathologies nécessite une véritable continuité des soins, qui passe par une collaboration étroite entre les équipes, et surtout entre les équipes de jour et celles de nuit, expliquent Séverine Coste et Hanitra, infirmières au service de gériatrie d l’hôpital Saint-Joseph de Paris. Isabelle Garnaud, cadre de santé, et ses collègues aides-soignantes de nuit de l’EHPAD Val de Brion à Langon (Gironde), rappellent que les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ne requièrent pas la présence d’une infirmière la nuit. C’est ainsi que le sommeil des résidents est confié, le plus souvent, à une aide-soignante et à un agent de service hospitalier, qui assurent la continuité des soins dans les limites de leurs fonctions.
Rogez E. Spécificités du travail de nuit en gériatrie. Soins Gérontologies 90 : 15. Juillet-août 2011. Juillet-août 2011. Berguit JN. Cadre et représentation du travail de nuit en gériatrie. Soins Gérontologies 90 : 16-19. Juillet-août 2011. Agostini B. Manager l’activité de nuit d’un établissement de santé. Soins Gérontologies 90 : 20-22. Juillet-août 2011.
Coste S et Ratonovarivo H. Collaboration entre l’équipe de jour et l’équipe de nuit. Soins Gérontologies 90 : 26-27. Garnaud I et al. Le chariot des veilleuses. Soins Gérontologies 90 : 28-30.