Tests de dénomination d’images en réadaptation orthophonique : adaptation culturelle

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Date de rédaction :
15 janvier 2013

Plusieurs études montrent que les personnes bilingues ou plurilingues manifestent les symptômes de la maladie d’Alzheimer plus tardivement que les monolingues. Les études actuelles divergent sur la durée du délai d’apparition des troubles chez ces patients (entre deux ans et cinq ans), et sur le nombre de langues parlées pour que cet effet de réserve cognitive soit notable. Toutefois, une fois les symptômes apparus, le bilinguisme cesse de constituer un avantage pour les patients chez qui on observe des phénomènes de mélanges des langues, les patients démontrant dès les premiers stades de la maladie des difficultés à sélectionner la langue appropriée à la situation de communication, vraisemblablement en raison d’un déficit des fonctions exécutives. En outre, dans le cas d’un bilinguisme tardif, la seconde langue va progressivement disparaître au profit de la première. Melissa Barkat-Defradas et Hyearan Lee, du laboratoire Praxiling de l’Université Paul-Valéry de Montpellier (UMR5267), proposent une revue sur la question. Les implications cliniques de cette régression de la seconde langue. Elles prennent pour exemple le cas des immigrés vieillissants en France et insistent sur la nécessité d’inscrire le soin gérontologique dans une perspective interculturelle, en lien avec la diversité sociale et linguistique qui caractérise les sociétés actuelles.

Les mêmes chercheurs, en collaboration avec Philippe Gambette, du  laboratoire d’Informatique Gaspard-Monge (LIGM) à l’École des Ponts Paris-Tech (UMR8049) et Frédérique Gayraud, du laboratoire de dynamique du langage à l’Université Lumière Lyon-II (UMR5596), ont développé auprès de deux cent dix-neuf personnes un outil de dénomination d’image pour cerner le trouble d’évocation lexicale des patients bilingues souffrant de la maladie d’Alzheimer dans le but d’une prise en charge orthophonique adaptée. L’estimation de la familiarité et de la neutralité culturelle de trois cents images a permis d’établir une liste de seize critères estimés les plus neutres culturellement. Les chercheurs souhaitent mettre à disposition de la communauté scientifique une épreuve de dénomination d’image standardisée, à portée quasi-universelle, c’est-à-dire utilisable avec des personnes d’origine linguistique et culturelle variées.

Barkat-Defradas M et Lee H. Bilinguisme et maladie d’Alzheimer. Rééducation orthophonique, 22 janvier 2013. http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00779467/. Lee H et al. Élaboration d’un outil d’évaluation des performances en dénomination pour les patients bilingues atteints de la maladie d’Alzheimer. Rééducation orthophonique, 22 janvier 2013. http://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-00779471/.