Tester un traitement chez une personne sans signe ni plainte ?

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Date de rédaction :
28 août 2016

Sur Atlantico, Alain Bérard, médecin de santé publique et directeur adjoint de la Fondation Médéric Alzheimer, rappelle qu’entre 2000 et 2012, plus de mille essais cliniques ont été menés, avec un taux d’échec de 99.6% (contre 90% habituellement dans les essais thérapeutiques). « En fait, ces traitements visant à détruire les lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer sont utilisés trop tard : les neurones sont détruits et c’est irréversible. La destruction des lésions à ce stade empêchera la destruction des neurones et retardera la survenue des signes cliniques de la maladie. Tout l’enjeu de la recherche aujourd’hui consiste donc à trouver le ou les moyens permettant de détecter cette population malade (car présentant des lésions cérébrales de la maladie d’Alzheimer) mais sans aucun signe, ni plainte, et chez qui le traitement a de grandes chances d’être efficace. » Pour repérer ces phases pré-symptomatiques (avant la survenue des signes), sont testés des dosages de biomarqueurs (des résidus de protéine amyloïde ou de protéine tau) dans le liquide céphalo-rachidien ou dans le sang. L’imagerie (imagerie par résonance magnétique [IRM] ou scanner par émission de positons [PET Scan]) peut être utile, comme certains tests génétiques, explique Alain Bérard. Pris individuellement, ces tests ont une prédictivité insuffisante, d’où l’intérêt de tester des combinaisons. En effet, il faut être sûr que les signes apparaîtront bien après un certain temps (10 à 20 ans). Ceci reste encore réservé au domaine de la recherche. Par ailleurs, tester un traitement chez une personne sans signe ni plainte n’est pas sans poser des questions d’ordre éthique. Est-il possible d’annoncer à une personne « saine » qu’elle est en fait malade et qu’elle a une épée de Damoclès au-dessus de la tête (survenue des signes) ? Quel serait ce “primum non nocere” » (d’abord ne pas nuire) enseigné en médecine ? Et si elle ne veut pas savoir ? »