Témoignage joyeux (2)

Société inclusive

Date de rédaction :
16 mai 2013

Qu’est-ce qu’une bonne attitude ? demande la journaliste.« D’abord beaucoup de tolérance, d’ouverture d’esprit, de compréhension », répond Colette Roumanoff. « Il faut dédramatiser les pertes de repères dans l’espace et dans le temps. Mon mari me demande s’il me connaît ? Je lui réponds que nous sommes mariés depuis 1965. “Première nouvelle !” me dit-il. Plutôt que d’en être catastrophé, il faut savoir en sourire, comme on le ferait devant la confusion d’un jeune enfant, sans infantiliser. D’ailleurs, cette maladie devrait s’appeler la “confusionnite”, le mot est moins glaçant que “démence Alzheimer” qui rend tout le monde malheureux ». Colette Roumanoff ne s’estime pas malheureuse, « et Daniel encore moins ! Parfois je dois le pousser à faire du golf, du ping-pong, du tennis, mais une fois dans l’activité, il est ravi. Il progresse d’ailleurs, car il n’a aucun frein à pratiquer, alors qu’il est aujourd’hui incapable de s’habiller seul si je ne nomme pas chaque étape de l’enfilage.  La personne malade garde beaucoup de capacités d’affection, à condition qu’on la comprenne. Si Daniel devient désagréable, c’est peut-être qu’il a chaud et qu’il ne se souvient plus de cette sensation. À moi d’anticiper, de résoudre son inconfort en l’aidant à ôter un pull… Je suis fatiguée parfois, il peut me réveiller plusieurs fois par nuit, ou avoir besoin de marcher des heures, mais pas malheureuse. »

www.notretemps.com, 5 juin 2013.