Technologies et maladie d'Alzheimer : des mondes parallèles
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Selon Vincent Rialle, maître de conférences et praticien hospitalier, responsable de l’unité fonctionnelle ATMISS (Alzheimer, technologies et méthodes d’intervention sanitaires et sociales) au CHU de Grenoble, « les nouvelles technologies en matière de maladie d’Alzheimer ne sauraient être un simple problème d’ingénierie, d’ergonomie ou de « mise en marché ». Les vouloir centrées sur les personnes malades, centrées sur les aidants ou centrées sur les professionnels de santé (infirmières, cadres de santé, médecin coordonnateur…), comme le stipulent aujourd’hui tous les appels à projet, oblige à mettre en oeuvre une méthodologie dont presqu’aucun médecin, sociologue, scientifique ou ingénieur n’est capable aujourd’hui. Ces professionnels évoluaient jusqu’à ces derniers mois entre deux mondes parallèles qui s’ignoraient presqu’entièrement : celui de la très haute technicité et celui des métiers du grand-âge. Les ingénieurs découvrent la difficulté de la prise en charge au quotidien d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, tandis que les aidants familiaux, infirmières, cadre de santé, paramédicaux et médecins sont stupéfaits d’apprendre les extraordinaires possibilités techniques aujourd’hui disponibles (robots, habitats intelligents équipés de capteurs…), alors que leurs besoins immédiats et urgents demandent souvent moins de technicité (en établissement : détecter une sortie de chambre la nuit ou une sortie à l’extérieur le jour ; au domicile : éclairer automatiquement le couloir vers les toilettes…) mais restent le plus souvent sans réponse faute de moyens.
Actes du colloque « La maladie d’Alzheimer, un défi social ». Paris, 5 juin 2009.