Tant de choses à dire. Ateliers artistiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, coordonné par France Alzheimer (6)

Société inclusive

Date de rédaction :
01 juillet 2014

 « Pouvons-nous être heureux même sans mémoire ? », s’interroge Sandra Meunier, art-thérapeute, clown et fondatrice de l’association des Neztoiles. « Mais qui êtes-vous ? », lui demande une personne de quatre-vingts ans. « Je souris, répond le clown. Mon visage fardé de blanc est décoré d’un beau nez rouge. J’ai des paillettes autour des yeux, je sens bon le Chamallow [guimauve], des chants d’oiseaux sortent de mon sac. Je suis Annabelle. Et toi, qui est-tu ? » Silence. « Qui sont-ils, quand ils ne savent même plus comment ils s’appellent ? Que reste-t-il d’eux ? Peut-être l’essentiel de l’être : ce qu’ils ont passé toute leur vie à mettre en place profondément, intimement. Ce qui compte, ce n’est plus la fonction sociale mais la façon d’être au monde. En rencontrant un clown de soin en face-à-face, il leur reste la relation étroite. La rencontre tourne souvent autour de l’amour et de leur capacité à être heureux ou pas. La fonction d’une Neztoile est précise : reconnecter les patients au bonheur. » « Eh bien, toi, comment voudrais-tu t’appeler ? rebondit alors mon personnage léger, pas dérangé par ce long silence. Et c’est ainsi qu’un prénom de fleur arrive parfois, ou le prénom de l’instant. Après tout, pourquoi pas ? On en rit. C’est un bon départ. » L’héritage artistique des clowns à l’hôpital vient-il du cirque ? « Pas forcément, répond Caroline Simonds, comédienne et directrice de l’association Le Rire médecin. L’histoire du clown remonte à beaucoup plus loin, aux fous du village, aux fous du roi, à la commedia dell’arte, à ceux qui aidaient leur entourage à révéler ses pensées profondes. Plus loin encore, dans l’Antiquité grecque, Hippocrate (460-356 avant J.C.) avait un hôpital où se pratiquaient les arts de la médecine au même plan que les arts créatifs, sur son île de Cos. L’objectif était aussi d’apporter du plaisir aux malades, à travers l’art. Quand je fais une intervention, je me sens plus proche d’un fou du village. »

France Alzheimer. Tant de choses à dire. Ateliers artistiques pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Paris : Le Cherche-Midi. ISBN 978-2-7491-3602-8.

www.francealzheimer.org/sites/default/files/Tant%20de%20choses%20%C3%A0%20dire_bon%20de%20souscription.pdf. Septembre 2014.