Suspension de l’APA en cas d’hospitalisation à domicile : les départements ont tort
Droit des personnes malades
Dans une question écrite, le sénateur de la Meuse Christian Namy (UDI-UC) s’inquiète d’une différence de pratique entre départements à propos de l’articulation entre le versement de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) et la prise en charge de la personne âgée bénéficiaire au titre de l’hospitalisation à domicile (HAD). La difficulté vient de l’interprétation de l’article R.232-32 du code de l’action sociale et des familles (CASF), prévoyant la suspension du versement de l’APA à compter du 31ème jour d’hospitalisation dans un établissement de santé pour recevoir des soins de courte durée, de suite et de réadaptation. Selon le sénateur de la Meuse, certains départements maintiennent le versement de l’APA en considérant que l’hospitalisation à domicile est dérogatoire à l’article R.232-32, tandis que d’autres la suspendent en estimant que, dans ce cas de figure, la prise en charge du bénéficiaire relève de l’assurance maladie. La réponse du ministère chargé des Personnes âgées et de l’autonomie est sans ambiguïté : « L’APA, financée conjointement par les départements et la solidarité nationale, n’intervient pas dans la sphère des soins, qui relèvent de l’assurance maladie, et n’est pas susceptible de contribuer à leur financement, ce qui rend possible le cumul d’aides à la personne, humaines ou techniques, financées par l’APA, et de prestations de soins dispensées au domicile par des intervenants médicaux ou paramédicaux. Dès lors, l’APA n’est pas suspendue à partir du 31ème jour d’hospitalisation à domicile. » Pour le ministère, « ces deux modes de prise en charge, l’accompagnement pour les actes de la vie quotidienne d’une part, les soins médicaux d’autre part, s’exercent en effet sur deux registres différents. L’HAD relève d’une logique de soins et fait l’objet d’une prise en charge par l’assurance maladie à la hauteur de 80%, comme pour toute hospitalisation (même si elle a lieu à domicile). Pour sa part, l’APA vise à pallier les conséquences du manque ou de la perte d’autonomie liés à l’état physique ou mental du bénéficiaire “et qui, nonobstant les soins qu’elles sont susceptibles de recevoir, ont besoin d’une aide pour l’accomplissement des actes essentiels de la vie ou dont l’état nécessite une surveillance régulière”. » Dans ces conditions, il n’y a pas de lien entre une prise en charge au titre de l’HAD et le versement de l’APA. Pour Jean-Noël Escudié, de Localtis, cette prise de position devrait contribuer à harmoniser les pratiques aujourd’hui divergentes des départements, dans un sens favorable aux bénéficiaires de l’APA.
Sénat. Question écrite n°04728 de C. Namy,sénateur de la Meuse, et réponse de la ministre déléguée chargée des Personnes âgées et de l’Autonomie. JO Sénat, 27 mars 2014.www.localtis.info, 3 avril 2014. www.agevillage.com, 7 avril 2014.