Surtout, ne pas mourir à l’hôpital

Société inclusive

Date de rédaction :
01 décembre 2010

Si l’espace de la maison de retraite est décrit avec réserve, l’hôpital apparaît comme un espace-repoussoir effrayant, ce qui permet à l’EHPAD, a contrario, de conquérir ses lettres de noblesse en tant qu’espace de vie : « l’opinion partagée c’est : je veux mourir là, pas à l’hôpital, où on est un numéro ». Le témoignage des proches des personnes accueillies affine et complexifie ce portrait du processus d’adaptation : « au début, ma mère disait : ‘si tu me mets ici, c’est ma mort que tu veux’. Je n’ai pas cédé. Il a fallu quelques mois pour qu’elle ne soit pas trop perdue, qu’elle ne réclame plus sa maison. Maintenant, ça va, elle dit : ‘c’est ma maison’. » L’épouse d’un résident atteint de la maladie d’Alzheimer explique : « j’ai réalisé qu’on est mieux à mourir dans un lieu fait pour ça, avec un lit adapté, des professionnels formés pour. A domicile, par exemple, quand il tombait, je ne savais pas le ramasser. Ceux qui veulent garder leur proche, c’est de l’orgueil, ces gens-là pensent qu’ils pourront tenir le coup et ils ont tort. Chez nous on rentrait en conflit. Dès qu’il est arrivé ici, ça a été la paix. Quand on garde la personne, la relation de couple est dévoyée, elle devient même perverse. Il a fallu faire le passage, admettre que je n’étais plus bonne à rien. Maintenant, il est facile. Il se croit à l’hôtel, en voyage ». 

Le Mensuel des maisons de retraite, novembre 2010.