Stimulation motrice : la susciter de manière implicite par le jeu vidéo

Innovation

Date de rédaction :
25 novembre 2016

« Planifier, anticiper, prédire les conséquences de nos actions sont des préalables nécessaires à l’exécution harmonieuse du mouvement. Ces processus reposent en partie sur la capacité à se représenter mentalement le geste à accomplir, explique le Pr France Mourey, professeur en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) au CHU de Dijon, qui a montré que l’apparition de troubles de la mémoire est accompagnée d’altérations de cette représentation. « Par ailleurs les mouvements, en particulier ceux des bras, nécessitent des ajustements successifs de l’équilibre. Or ce couplage entre mouvement et équilibre est modifié chez les patients Alzheimer dès les premières phases de la maladie. Sont en cause le déclin des capacités d’anticipation et d’attention. Les personnes atteintes parviennent moins facilement à sélectionner les informations sensorielles pertinentes pour guider leur geste. La moindre perturbation extérieure transforme l’accomplissement d’un mouvement banal en défi. De même, elles peinent à contrôler leur posture générale quand elles exécutent une tâche secondaire, par exemple lorsqu’elles se mettent à discuter tandis qu’elles marchent. »  Depuis bientôt un an, une quarantaine de personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés expérimentent un jeu vidéo pour retarder l’apparition des problèmes de motricité. « La solution du jeu s’est vite imposée, par son côté agréable et stimulant. Comme nous nous adressons à des personnes âgées et fragiles, nous avons cherché des défis à leur mesure : cueillir des fruits dans un verger, susciter de la musique par des mouvements coordonnés. Et plutôt que de donner des consignes, nous sollicitons des mécanismes intuitifs chez les participants. » Les premiers tests cliniques ont montré l’adhésion des patients aux prototypes de jeu et leur efficacité à court terme, notamment une l’amélioration de l’équilibre grâce aux mouvements répétés des bras.L’équipe travaille aussi sur les effets du rythme de la musique sur la motricité, suscitée de manière implicite. « Le défi majeur à relever, dans notre projet, est de faire cohabiter la recherche fondamentale et le développement technologique, qui relèvent de cultures très différente »