Stimulation magnétique transcrânienne

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Date de rédaction :
01 février 2014

La stimulation magnétique transcrânienne est une technique médicale indolore et non invasive, utilisée dans le traitement des dépressions sévères résistantes, des idées hallucinatoires chez les schizophrènes et des douleurs chroniques. Des neurologues et des psychiatres l’expérimentent dans d’autres domaines, pour agir sur les symptômes de l’accident vasculaire cérébral, de la maladie de Parkinson ou de la maladie d’Alzheimer. Le principe de cette technique est de moduler l’activité de régions du cerveau qui fonctionnent anormalement, afin d’obtenir une amélioration de certaines fonctions, explique Emmanuel Haffen, professeur de psychiatrie au CHU de Besançon. Une bobine posée sur le crâne du patient envoie une impulsion électrique de façon répétitive à la surface du cerveau. Le champ magnétique génère des micro-courants qui vont modifier l’activité des neurones et leur manière de communiquer. L’objectif n’est pas de traiter la cause de la maladie, encore moins de la guérir, mais de ralentir le déclin des fonctions cognitives. La stimulation doit donc intervenir au stade précoce, lorsque les atteintes sont encore circonscrites.

Eyal Baror, directeur général de Neuronix, une start-up israélienne, assure : « nous parvenons à stabiliser les patients, voire à les améliorer : après leurs séances, certaines personnes retrouvent des capacités qu’elles avaient perdues, comme celle d’avoir une conversation ou de retrouver le chemin des toilettes dans la maison. » Les impulsions sont dirigées dans les régions du cerveau affectées par la maladie d’Alzheimer, préalablement localisées par imagerie cérébrale. Au même moment, assis face à un écran tactile, la personne malade se livre à des exercices visant à faire travailler sa mémoire, son langage, sa capacité à se repérer dans l’espace ou à reconnaître des visages. La cure d’un mois et demi, comprenant cinq séances d’une heure par semaine, non remboursée par la sécurité sociale est facturée 6 000 dollars (4 400 euros) en Israël. En France, l’hôpital de Besançon expérimente la méthode dans le cadre d’un projet de recherche, avec dix séances de trente minutes chacune et une évaluation à un mois. Le Pr Haffen précise : « nous obtenons des résultats positifs dans trois tests mesurant la mémoire visuelle, la mémoire verbale antérograde et l’efficience cognitive. Les aidants rapportent, en outre, un retentissement au quotidien sur la qualité de vie.» La recherche en est cependant à un stade très préliminaire. Bruce Luber et Sarah Lisanby, des départements de psychiatrie et de psychologie de l’Université Duke à Durham (Caroline du Nord), proposent une revue de la littérature sur la stimulation magnétique transcrânienne appliquée à l’amélioration de la performance cognitive.

Le Figaro, 31 janvier 2014. Luber B et Lisanby SH. Enhancement of human cognitive performance using transcranial magnetic stimulation (TMS). Neuroimage 2014 ; 85 Pt 3: 961-970. 15 janvier 2014. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23770409.