Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland (3)
Société inclusive
« J’ai des jours avec et des jours sans », dit Alice Howland dans le film, les yeux embués. « Dans mes bons jours, j’arrive presque à passer pour une personne normale, mais dans mes mauvais jours, j’ai l’impression de ne plus me retrouver. J’étais caractérisée depuis toujours par mon langage, mon intellect, ma facilité d’élocution et aujourd’hui, par moment, je vois les mots, suspendus devant mes yeux et je n’arrive pas à les attraper… Je ne sais plus qui je suis, ni ce que je perdre encore. » « Une interprétation habitée et déchirante », écrit Catherine Rochon, de Terrafemina. « Un film sur un tel sujet pourrait faire peur en allant trop dans les détails, ou faire pleurer en cédant au pathos. Ou faire l’impasse sur la réalité », écrit Catherine Magnin, de 20 minutes (Suisse).
« Dans Still Alice, les réalisateurs évitent chacun de ces registres-là. Le film suit l’évolution de la maladie du personnage principal sur la base d’un solide travail documentaire, mais ne va pas toujours au bout des ravages de la maladie. De peur que le spectateur ne prenne ses jambes à son cou ? Ici, pas de violons inutiles. Alice est un personnage émouvant, elle fait de beaux discours, elle a dans le regard une étincelle où ses proches aimeraient deviner plus que le reflet de leurs espoirs. Mais pas question de sortir des mouchoirs à tire-larigot. De peur que le spectateur ne se sente manipulé ? Still Alice accorde une place importante à ceux qui entourent la malade, ce mari et cette fille (Alec Baldwin et Kristen Stewart, tous deux impeccables) qui doivent se protéger et continuer à vivre leurs propres vies, même si l’un des êtres qui leur est le plus cher a la mémoire qui s’effiloche. Finalement, le film s’accroche à ce qui reste plutôt qu’à ce qui disparaît ; il propose un accès réaliste, mais rassurant à ceux qui ne savent rien de la maladie d’Alzheimer. »