Still Alice, de Richard Glatzer et Wash Westmoreland (1)

Société inclusive

Date de rédaction :
18 mars 2015

Un film peut-il changer le regard sur la maladie d’Alzheimer ? « Le 23 février dernier, l’Américaine Julianne Moore remportait l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de femme qui se découvre atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le lendemain, l’Association Alzheimer publiait un communiqué pour féliciter et remercier la comédienne “au nom des plus de cinq millions d’Américains atteints de la maladie. Sa magnifique performance contribue à mieux sensibiliser le public et incite à parler davantage de la maladie d’Alzheimer”. La maladie et le handicap sont régulièrement abordés au cinéma (Rain Man, La guerre est déclarée, Intouchables…) mais un film peut-il réellement contribuer à sensibiliser l’opinion ? », s’interroge Europe1, qui a interviewé Brigitte Huon, vice-présidente de l’Association France Alzheimer Paris à l’occasion de la sortie du film Still Alice. Qu’en a-t-elle pensé ? « Le recentrage sur la personne atteinte par la maladie : on vit avec elle l’apparition des symptômes, des troubles de la mémoire. On se met à sa place », explique-t-elle. C’est pour elle la force du film sur une maladie où la parole est souvent davantage donnée à l’entourage : « c’est vraiment son point de vue, la façon dont elle perçoit la maladie, le brouillard autour d’elle », précise Brigitte Huon. Les biais du film ? Outre le fait que tout se passe « dans un milieu très favorisé », « il est question d’une forme très rare de la maladie d’Alzheimer ». Une forme familiale peu courante qui est susceptible d’inquiéter : « dans le film, les enfants d’Alice sont peut-être atteints par la maladie. Cela peut être anxiogène pour les familles » alors que cette réalité n’est celle que d’une toute petite minorité. Autre détail : « à part le soutien de sa famille, Alice est assez seule face à sa maladie. En réalité, on propose des activités thérapeutiques et ce en France comme aux Etats-Unis. » Et que disent les personnes malades elles-mêmes ? Encore faut-il leur poser la question. « Une logique loin d’être évidente quand on sait que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée sont souvent perçues comme des personnes “incapables de…” », écrit Annie de Vivie, d’Agevillage. L’association France Alzheimer a choisi de prendre le contre-pied de ce préjugé en donnant de façon inédite la parole aux personnes qui sont à un stade débutant de la maladie, en lançant auprès d’elles une enquête nationale avec l’institut de sondage Opinion Way. Les résultats de l’enquête seront présentés lors de la prochaine Journée mondiale de lutte contre la maladie d’Alzheimer, le 21 septembre 2015, qui aura pour thématique : « Alzheimer : la parole des personnes malades ».

www.francealzheimer.org, 24 mars 2015. www.agevillage.com, 30 mars 2015.