Stade préclinique : la perte du sens de l’orientation précède les troubles de la mémoire (1)

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Date de rédaction :
26 avril 2016

Denise Head et ses collègues, de l’Université Washington à Saint-Louis (Missouri, Etats-Unis), ont testé la compétence d’orientation et de navigation spatiale chez soixante-et-onze personnes âgées présentant ou non un déclin cognitif, dont treize n’avaient aucun signe clinique, mais des biomarqueurs du liquide céphalo-rachidien positifs pour la maladie d’Alzheimer. Les participants ont été invités à passer environ deux heures à naviguer à l’aide d’une manette de jeu dans un labyrinthe virtuel, et à y trouver des repères. Le labyrinthe était composé d’une série de couloirs interconnectés avec quatre motifs de papier peint et vingt points de repère. Les participants ont été testés sur deux compétences de navigation : l’apprentissage et la mémorisation d’un itinéraire préétabli, et leur capacité cognitive à développer une carte mentale de l’environnement, en recréant mentalement l’itinéraire ou en retrouvant leur chemin à l’aide des repères spécifiques. Les participants présentant des marqueurs céphalo-rachidiens de la maladie d’Alzheimer ont des difficultés importantes à former une carte cognitive de l’environnement, un processus d’apprentissage associé principalement au fonctionnement de l’hippocampe ; peu ou pas de perte de mémoire du parcours, une capacité associée plutôt à la fonction du noyau caudé, une zone du cerveau impliquée dans l’apprentissage et le mouvement volontaire ; enfin, leur capacité à apprendre les repères de l’environnement est réduite pendant la phase d’étude initiale. De manière surprenante, en dépit de leur déficit de capacité à former une carte cognitive, ces participants atteints au stade préclinique de la maladie surmontent ce déficit et réussissent la tâche de navigation presque aussi bien que les participants sans troubles cognitifs. Ces résultats suggèrent que « des tests de navigation conçus pour évaluer cette capacité de cartographie cognitive pourraient représenter un nouvel outil puissant pour détecter les tout premiers changements cognitifs liés à la maladie d’Alzheimer », concluent les auteurs.