Sortir de l’hôpital : l’urgence sociale

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
05 novembre 2011

Anne-Marie Thomazeau, de Viva, a rencontré Isabelle Alvino, infirmière libérale dans le Calvados. Les soins aux personnes âgées représentent 60% de son activité. Pour elle, « le principal risque, c’est l’accident : une chute, une fracture du col du fémur, un retour à la maison non préparé et c’est un syndrome de glissement vers la dépendance qui s’installe ». La gestion des sorties d’hôpital la met en colère : « le jeudi soir, dans les hôpitaux, les papys et les mamies sont « sub-claquants ». Miraculeusement, le vendredi, c’est « lève-toi et marche » !  On vous les ramène à domicile sans leur trouver de soins de suite ou de service de soins infirmiers à domicile. C’est au social de prendre le relais du médical. Pas de chance, le social, c’est fermé le week-end. Alors l’ambulance les pose dans leur séjour à côté du téléphone. Ils appellent qui ? Le généraliste ou l’infirmière libérale ».  En attendant que les services sociaux ouvrent, le lundi, elle fait, avec une amie auxiliaire de vie, de l’ « assistance à personne en danger », parfois en achetant des couches et à manger pour des personnes ne pouvant pas se déplacer. « Au-delà de l’urgence médicale, il y a l’urgence sociale ». Elle a mis en place un « pôle santé » dans son secteur d’intervention, « l’expression de la volonté de professionnels libéraux d’un secteur de travailler autrement. Kinésithérapeutes, orthophonistes, psychologues, médecins, dentistes, réseau Alzheimer se mobilisent autour d’un malade pour tenter de trouver les meilleures solutions. C’est en quelque sorte reconstituer une équipe médicale comme à l’hôpital mais au dehors, autour du domicile de la personne âgée. Cette coordination, nous la faisions déjà… Mais elle n’était ni payée, ni reconnue par la Sécurité sociale. Et c’était la plupart du temps l’infirmière qui s’y collait. En Basse-Normandie, l’Agence régionale de santé (ARS) devrait maintenant verser de l’argent pour cette coordination afin de répondre au problème de la désertification médicale. Elle a bien compris que les nouvelles générations n’ont pas envie de pratiquer gratuitement ce que les anciens comme moi acceptions de faire bénévolement ».

www.vivapresse.fr, 7 novembre 2011.