Sollicitude
Droit des personnes malades
Dans une tribune consacrée aux retraites dans Le Monde du 15 avril, Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, propose le concept de société du soin : « n’oublions jamais qu’aucune allocation ne remplace les chaînes de soin, les solidarités familiales et amicales, l’attention du voisinage ». « La société du bien-être passe aussi par une évolution des rapports des individus entre eux. Il faut passer d’une société individualiste à une société du care, selon le mot anglais que l’on pourrait traduire par soin mutuel : la société prend soin de vous, mais vous devez aussi prendre soin des autres et de la société ». Pour Olivier Schmitt, du Monde, cette notion anglo-saxonne du care est nouvelle dans le discours politique français. Care est un mot du langage courant anglo-saxon, que le français n’arrive que partiellement à traduire par sollicitude. Dans le champ philosophique et politique, il a d’abord été développé en Ecosse, avec Francis Hutcheson, David Hume et Adam Smith, qui ont réfléchi aux formes nouvelles de la sympathie, du souci de l’autre. Sollicitude n’est qu’une traduction partielle de care. La féministe américaine Joan Pronto, professeur de théorie politique au Hunter College de New York, auteur du livre Un monde vulnérable, pour une politique du care, distingue quatre phases du care : caring about (se soucier de), taking care of (s’occuper de) ; caregiving (prendre soin) et care receiving (recevoir le soin).
Le Monde, 15 avril 2010.