Solidarités familiales, solidarité collective : quel équilibre ? (1)

Pour Marie-Eve Joël, professeur à l’Université Paris-Dauphine, « le vieillissement actuel de la population a transformé les solidarités intergénérationnelles sans les réduire. Les solidarités familiales se maintiennent sous des formes différentes, comme l’ont montré des travaux récents sur les aidants. L’étude du comportement économique des personnes âgées dépendantes et de leurs familles reste un sujet pour partie confidentiel dans le contexte français. La disposition à payer tel ou tel service, les arbitrages qui sont faits entre l’achat de services et le maintien de la valeur du capital familial, les variables économiques qui sont prises en considération quand une personne âgée entre en établissement, par elle ou par ses proches, sont des questions encore peu documentées. Il est indispensable de parvenir à une connaissance économique globale sur une longue période de l’impact de la prise en charge de la dépendance sur l’ensemble des générations. Faute de quoi on ne pourra pas corriger les écarts qui se dessinent entre la situation actuelle de la génération des personnes âgées de plus de quatre-vingts ans et la situation future de la génération de celles âgées de trente à quarante ans au moment de sa retraite. Ceci conduira à infliger une triple peine à la génération des petits-enfants : ils hériteront de peu, ils auront une retraite faible et le financement de leur propre dépendance ne sera pas assuré ». Pour l’économiste Henri Noguès, les femmes sont en première ligne : avec un risque de dépendance majoré, avec un nombre d’années avec des pathologies plus élevé et des retraites plus faibles, le « reste à vivre » des femmes en termes de revenu au grand âge est une vraie question de société. Au moment d’organiser le cinquième risque, il convient de ne pas l’oublier ».

Joël ME. L’économie du vieillissement. Documents Cleirppa 2011 ; 42 : 3-7. Mai 2011. Noguès H. Retraite, dépendance et genre. Documents Cleirppa 2011 ; 42 : 12-18. Mai 2011.