Secteur social et médico-social : regards croisés, enjeux et perspectives, de KPMG (1)
Société inclusive
« Les professionnels du secteur font actuellement face à une contraction des financements publics, à une rationalisation des coûts, impliquant notamment une gestion des ressources humaines au plus juste, à des contrôles renforcés et à un environnement législatif et réglementaire complexe », explique Bernard Bazillon, associé et directeur national de l’économie sociale et solidaire du cabinet d’audit KPMG. Les acteurs « s’adaptent pour poursuivre leurs actions auprès des personnes qu’ils prennent en charge (personnes âgées, personnes en situation de handicap, enfants, publics fragiles), en mettant en avant leur capacité d’innovation sociale, leur attachement à la qualité de leurs prestations, leur capacité de travail en réseau et en filière, leur ancrage territorial. L’agilité et l’adaptabilité des entités du secteur sont un gage de pérennité pour répondre toujours mieux aux besoins des usagers dont les profils et les demandes évoluent en permanence. » L’étude de KPMG s’appuie sur une analyse documentaire, une quinzaine d’entretiens individuels avec des praticiens et des observateurs du secteur social et médico-social, une enquête quantitative menée sur internet auprès de deux cent trente-cinq professionnels du secteur. « Le secteur social et médico-social se trouve aujourd’hui au carrefour de plusieurs mutations, qui portent pour certains praticiens et observateurs de sombres perspectives », analyse les auditeurs. Certains acteurs non-lucratifs agitent le spectre d’un secteur livré tout entier au marché et à son exigence de rentabilité. Si ce scénario extrême est jugé très improbable, son évocation permet d’envisager des évolutions moins radicales, mais aussi peu souhaitables : attrition progressive des structures associatives les plus modestes, prise en charge à deux vitesses, hyper-concentration du secteur dans une logique financière, effacement des projets militants. D’un autre côté, les acteurs commerciaux craignent la mainmise de l’État sur l’ensemble du champ social et médico-social, et la mise en place de modes de gestion administratifs uniformes qui les transformeraient en simples délégataires de service public. » « L’ensemble des acteurs interrogés aspire à ce que les acteurs privés non lucratifs pèsent sur les choix politiques qui impactent fortement leur activité. Dans cette perspective, une remobilisation militante du secteur apparaît incontournable en dépassant certains réflexes corporatistes. Cela permettrait, par exemple, de faire évoluer une législation structurée dans une logique de services vers une logique de filières. »
KPMG. Secteur social et médico-social : regards croisés, enjeux et perspectives. Décembre 2013. www.kpmg.com/FR/fr/IssuesAndInsights/ArticlesPublications/Documents/ESS-secteur-social-regards-croises-2013.pdf (texte intégral).