Se sacrifier pour être béni par ses parents
Société inclusive
« Et encore, lorsqu’un enfant se sacrifie pour être béni par ses parents, on sait qu’il ne fait qu’attendre l’inéluctable. Lorsque le malade n’est plus, il perd sa raison de vivre et doit faire face à la dépression, dans la grande majorité des cas », ajoute Mohammed Ouadii. « La maladie d’Alzheimer est un drame familial du vivant du malade. Sans repères, il ne reconnaît plus ses proches. Ces derniers se déchirent souvent, se rejettent la responsabilité. Dans le meilleur des cas, ils cotisent pour recruter une aide à domicile. Une garde malade, à rechercher à grands frais via les agences qui fleurissent sur Internet. Mais là encore, c’est une maladie où le statut social discrimine la prise en charge. Les plus riches pourront s’offrir les services d’une infirmière, les plus pauvres, eux, se sacrifient souvent pour ceux qui leur ont donné la vie. D’autres problèmes se posent puisque les malades ont perdu leur jugement. Il est facile de détourner leurs biens, et lorsqu’ils décèdent, les enfants se déchirent à nouveau pour le partage de l’héritage. C’est une maladie dure qui ne laisse personne indemne », résume le site Challenge. « Dans les Réunions à cœur ouvert, les Cafés Alzheimer de notre association, lorsque nous sommes entre famille de malades, il n’est pas une seule personne qui ne fonde en larmes. C’est que tant que l’on n’a pas un parent atteint de la maladie, on ne peut comprendre la situation », explique Mohammed Ouadii, sans jamais cacher cette grande mélancolie dans le regard. C’est pour mener ce combat, qu’il est revenu de France et prendre soin de sa mère et de sa grand-mère. Que faire ? « Nous connaissons tous l’opinion des Marocains contre les centres de prise en charge. Mais un hôpital de jour, sur le modèle de ce qui se fait en France, pourrait permettre aux familles des malades de travailler pendant qu’on prend soin de leurs parents », propose le président de l’AMAMA. Bouchra Moutawakkil renchérit : « c’est tout de même scandaleux que des Marocains qui ont payé des impôts toute leur vie ne puissent pas profiter d’un minimum de leur contribution à la société. »